Lutte contre le sida : il faut une nouvelle gouvernance mondiale

Publié le 26/07/2012
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Crédit photo : AFP

« Aujourd’hui, nous sommes à un moment où il va falloir réfléchir avec d’autres pays, et notamment les États-Unis, à la mise en place d’une nouvelle gouvernance pour faire avancer de nouveaux projets », a déclaré la ministre de la Santé Marisol Touraine lors de la 19e conférence internationale sur le sida qui se tient jusqu’à demain à Washington (lire notre dossier spécial).

Les États-Unis ambitionnent de faire émerger une « génération sans sida ». Une génération où « aucun enfant (ne devrait) naître porteur du virus », a évoqué la secrétaire d’État, Hillary Clinton qui a promis 150 millions de dollars supplémentaires pour lutter contre cette maladie. François Hollande a également indiqué que la France poursuivrait sa participation au Fonds mondial contre le sida en la diversifiant au moyen de « financements innovants ». À commencer par la taxe sur les transactions financières qui va être mise en place « dès le 1er août ».

Neufs pays engagés

Interrogée à ce sujet, Marisol Touraine a estimé qu’il était encore « trop tôt pour estimer le montant ». Si « la part qui sera affectée à la lutte contre le sida reste inconnue », l’initiative « a le mérite d’exister », considère l’association Aides dans un communiqué. La ministre de la Santé a précisé qu’à ce jour, huit autres États membres de l’Union européenne seraient partants pour appliquer cette nouvelle taxe (Allemagne, Autriche, Belgique, Espagne, Italie, Grèce, Portugal et Slovénie).

François Hollande propose « d’élargir cette taxe au sein de l’Europe et du monde » pour dégager des moyens plus significatifs. « Dans un contexte, je le sais difficile sur le plan économique, sur le plan financier, l’engagement des États et des donateurs est indispensable », a-t-il insisté dans son discours de Washington.

8,2 milliards par an

Entre 2008 et 2011, le financement de la communauté internationale pour la lutte contre le VIH est demeuré relativement stable, de l’ordre de 8,2 milliards de dollars par an. Les États-Unis assurent 48 % de ce montant. La France apporte 360 millions d’euros par le biais du Fonds mondial contre le sida, la tuberculose et le paludisme. « Si nous continuons avec le même niveau d’investissement que celui que nous avons jusqu’ici, sans rien changer, les dix prochaines années conduiront à une situation de stagnation et il n’y aura pas d’évolution positive dans le nombre de nouvelles infections à VIH », a prévenu mardi le Dr Bernard Schwartländer, directeur du département Réalité, Innovation et Politique de l’ONUSIDA.

Soutenir la dynamique des pays touchés

Ce soutien international s’avère d’autant plus indispensable en cette période charnière que les pays à faibles revenus et à revenus intermédiaires s’engagent aujourd’hui davantage pour faire reculer ce fléau dans leur territoire. Selon un récent rapport de l’ONUSIDA, 81 pays ont augmenté de plus de 50 % leurs investissements nationaux consacrés au sida entre 2006 et 2011.

« Les pays les plus durement touchés par l’épidémie sont en train de se prendre en charge et d’adopter une position de leader dans la riposte face au VIH », constate Michel Sidibé, directeur exécutif de l’agence. Mais « cela ne suffit toutefois pas à stabiliser le niveau de l’assistance internationale, qui doit augmenter si nous voulons atteindre les objectifs fixés pour 2015 », prévient-il.

Les États membres des Nations Unies se sont engagés à fournir un traitement antirétroviral à 15 millions de malades d’ici à 2015. À ce jour, cet accès aux antirétroviraux est effectif pour 54 % d’entre eux. Environ 35 millions de personnes (97 % vivant dans les pays pauvres) vivent dans le monde avec le VIH.

 DAVID BILHAUT

Source : lequotidiendumedecin.fr