Polyarthrite rhumatoïde

Moins de décès et de prothèses ?

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Publié le 09/07/2018
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PTH

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Crédit photo : Phanie

Les effets délétères de la polyarthrite rhumatoïde (PR) ne deviennent apparents qu'après plus d'une décennie. C'est pourquoi, les données de l'étude de suivi après une longue période de traitement intensif précoce des patients la cohorte COBRA (COmbinatietherapie Bij Rheumatoide Arthritis) sont particulièrement intéressantes (1).  

Cette étude prospective avait pour objectif de comparer la mortalité des patients atteints de PR après 23 ans de suivi à la mortalité de la population générale. Dans l'étude initiale, les patients atteints de PR précoce ont été traités, soit par une monothérapie par la sulphalasazine, soit par une combinaison de sulphalasazine et de méthotrexate à faible dose, plus la corticothérapie à dose dégressive. Les résultats initiaux avaient démontré que le traitement combiné apportait un contrôle supplémentaire de la maladie par rapport à la sulphalasazine en monothérapie.

L'étude actuelle a analysé les données de 154 patients initiaux suivis en moyenne 23 ans. À l’aide d'un échantillon de référence apparié pour l'âge et le sexe, les chercheurs ont démontré une diminution numérique (mais non significative) de la mortalité des participants à l'étude (44/154, 28 %) par rapport à celle de la population générale (55/154, 35 %). Pour les participants à l'étude ayant reçu le traitement combiné, le taux de mortalité était égal à 27 % (20/75) et pour ceux ayant reçu la sulphalasazine seule, il s'élevait à 30 % (24/79). La mortalité augmente surtout les premières années, elle diminue ensuite pour se retrouver pratiquement au même niveau que celle de la population générale.

Le nombre de prothèses a diminué de moitié en 13 ans

Une autre étude rétrospective (2) a examiné les données d'environ un million de personnes, entre 1997 et 2010. Les résultats montrent une diminution drastique de 51,9 % (p < 0,001) des chirurgies prothétiques chez des patients souffrant de PR en 13 ans. Par comparaison, les taux d'interventions cardiaques n'ont pas changé significativement au fil du temps, ce qui suggère que les changements observés dans la chirurgie prothétique étaient dus à des améliorations dans le traitement de la PR plutôt qu'à une difficulté d'accès à la chirurgie.

C'est ainsi qu'une autre étude portant sur l'analyse des données du Registre des produits biologiques de la Société britannique de rhumatologie a cherché à évaluer l'impact des traitements biologiques dans cette diminution du recours à la chirurgie prothétique (3). L'étude a porté sur 19 116 patients. Le critère principal était le recours à la prothèse totale de hanche ou de genou. Les auteurs ont construit un score de propension selon l'introduction d'un traitement anti-TNF versus DMARDs classiques de synthèse.

Les résultats ne montrent pas de différence significative du recours à la prothèse totale de hanche (PTH) ou de genou (PTG) chez les patients traités par anti-TNF ou par DMARDs. Cependant, les chercheurs ont constaté une diminution significative de 40 % du recours à la PTH chez les sujets âgés de plus de 60 ans prenant des anti-TNF (HR 0,60 [IC 0,41-0,87]) ainsi que chez ceux ayant une PR initialement très active (DAS > 5,1). Aucune différence significative n'a été retrouvée pour les PTG.

(1) Poppelaars PBM et al. Mortality of the Cobra early rheumatoid arthritis trial ? Cohort after 23 years follow up. Abstract n° OP 0015
(2) Hanly JG et al. Change in frequency of arthroplasty surgery in rhumatoid arthritis : a 13 year population health study. Abstract n° SAT 0077
(3) Haxley S et al. Impact of the inhibitors on need for joint replacement in patients with rheumatoid arthritis : a matched cohort analysis of UK biologics registry data. Abstract n° OP 0118

Christine Fallet

Source : Le Quotidien du médecin: 9680