DE NOTRE CORRESPONDANTE
TOUT A COMMENCÉ au Centre hospitalier de Bourran (Rodez), un établissement flambant neuf, inauguré quelques mois plus tôt. En une nuit de fin 2007, sans effraction, six vidéo-endoscopes de dernière génération se sont volatilisés. Montant du préjudice : 150 000 euros. Un cambriolage qui allait inaugurer une longue série dans le Sud-Ouest, puisque les centres hospitaliers de Montauban et de Figeac ont depuis été victimes du même type de vol.
À Figeac, ce sont quatre endoscopes qui ont été dérobés, ainsi qu’un bistouri électronique et du matériel à usage unique. « En tout, le préjudice s’élevait à environ 100 000 euros, évalue Éric Fradet le directeur de l’établissement, et à ce jour, il n’y a toujours pas de voleur déclaré. » Même cause, mêmes effets à Montauban, où stéthoscopes et endoscopes se sont aussi évaporés en une nuit, pour une valeur de150 000 euros.
Le mode opératoire est quasiment toujours le même. Pas d’effraction, mais une maîtrise parfaite des lieux et des procédures. À Montauban et Figeac, le matériel était pourtant entreposé dans des salles fermées à clé et accessibles uniquement par digicode. « Quand on analyse la façon dont ce vol a été commis chez nous, il apparaît évident qu’il s’agit de personnes qui connaissaient très bien ce type de dispositifs. D’ailleurs à côté de ces endoscopes, nous avions du matériel plus ancien, qui lui n’a pas été dérobé. Nous avons donc à faire à des connaisseurs », affirme Nicolas Razoux, le directeur adjoint du Centre hospitalier de Rodez.
Dans ces hôpitaux publics, lieux ouverts par définition, où la continuité des soins est la priorité, les directeurs disent tous, leurs difficultés à mettre en uvre un dispositif de surveillance sans faille. « Chez nous à Figeac, un plan de sécurité est affiché à l’entrée du service, il indique clairement les entrées et sorties de secours et le bloc opératoire. Il suffit donc d’en connaître le fonctionnement à minima et ensuite de s’introduire par ces issues », reconnaît Éric Fradet.
Vacataires sous surveillance.
Autre difficulté : un nombre important de personnel vacataire qui intervient fréquemment parmi le personnel soignant sur des durées très courtes. Depuis l’affaire de Montauban – la plus récente –, le lien entre ces différents cambriolages ne fait plus aucun doute parmi les enquêteurs. La police judiciaire de Toulouse vient d’ailleurs d’être saisie de l’enquête et les listes de tous les vacataires ayant travaillé dans les différents hôpitaux concernés sont épluchées à la loupe.
« L’affaire de Montauban n’est pas la première et c’est toujours du matériel très sophistiqué qui est volé. Ces objets sont ensuite utilisables dans tous les hôpitaux et cliniques du monde, aussi bien en Europe de l’Est qu’en Asie du Sud ou en Afrique », déclare-t-on à la PJ.
L’Europe de l’Est et l’Afrique… sont donc des destinations supposées pour ces matériels dotés de numéros de séries. Tracés, ils sont quasiment impossibles à utiliser ailleurs. De même, les pièces détachées de ces appareils ne sont disponibles qu’auprès des fabricants. « Or pour fonctionner dans de bonnes conditions et que leur durée de vie soit respectée, ils doivent être vérifiés une fois par an », indique Cédric Maliges, l’ingénieur biomédical de l’hôpital de Rodez.
Des aspects qui ne découragent pas les voleurs, tant la revente de ces appareils onéreux (22 000 euros pièce environ) reste lucrative. Ils sont surtout faciles à dérober – « Un connaisseur peut dérober un endoscope en seulement trois minutes », estime Nicolas Razoux – et à faire voyager – «Démonté dans un sac de sport, il n’attire même pas l’il des douaniers », assure Éric Fradet.
Pour l’heure les hôpitaux, mettent l’accent sur la sécurité. Caméra de surveillance, augmentation des rondes et surtout sensibilisation du personnel soignant permanent, sont leurs seuls moyens d’action…
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