Les suicides et tentatives de suicides (TS) sont les premiers pourvoyeurs d’urgences psychiatriques. « L’entretien ne doit pas gêner ou différer des soins somatiques urgents s’il y a eu une TS. Il n’y a pas d’entretien type : l’une des questions souvent posées pour démarrer est de s’enquérir de ce qu’il s’est passé exactement », suggère la Dr Camille Matot, psychiatre à l’hôpital Lyon-sud.
Toute TS, ainsi que les idées suicidaires sans passage à l’acte, doivent être prises au sérieux. Il faut évaluer le risque de (re)passage à l’acte selon l’échelle RUD (risque, urgence, dangerosité). « Le risque de (re)faire une tentative de suicide augmente s’il y a déjà eu une tentative, des antécédents de pathologie psychiatrique, d’addictions, des antécédents familiaux, le fait d’être de sexe masculin, de caractère plutôt impulsif, etc. Pour apprécier l’urgence, c’est-à-dire la probabilité de passer à l’acte dans les prochains jours, on demande au patient si les idées de suicide sont toujours là, s’il a pensé à un moyen particulier ou à un moment particulier. La dangerosité dépend de l’accessibilité et de la létalité du moyen de suicide envisagé », précise la Dr Matot. Il ne faut pas craindre de poser des questions précises : demander à quelqu’un s’il a des idées de suicide n’induit pas ces idées. C’est déjà une forme de prévention, et permet au patient d’exprimer son besoin d’aide.
Hospitalisation ?
Le retour à domicile est privilégié lorsqu’il est possible (risque suffisamment faible), pour ne pas couper le patient de son entourage. L’existence de facteurs protecteurs entre en compte : entourage présent et empathique par exemple. « Dans l’idéal, un rendez-vous est pris les jours suivant. Certaines structures comme la nôtre proposent des consultations post-urgence. La médication n’est pas systématique. Des anxiolytiques ou le démarrage d’un traitement antidépresseur de fond peuvent être utiles. Il est aussi important de parler des structures existantes et du 3114, qui est le numéro national de prévention du suicide. Avec l’accord du patient, il nous est possible de solliciter le dispositif VigilanS, qui est un programme de rappel téléphonique par des professionnels de la santé psychique après un passage pour une tentative de suicide », détaille la Dr Matot.
Lorsque le risque de passage à l’acte est jugé élevé avec un risque immédiat, un traitement anxiolytique aux urgences peut faciliter l’apaisement : « une ou plusieurs réévaluations sont nécessaires avant d’opter pour une hospitalisation ou une prise en charge ambulatoire », conclut-elle.
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