Les anesthésistes-réanimateurs organisent une « journée morte » ce vendredi 31 mars pour défendre leurs compétences et manifester leur opposition à l'actuelle réforme de l'internat. Ils dénoncent notamment la méthodologie employée par la direction générale de l'offre de soins (DGOS) pour définir le nombre de postes ouverts dans leur future spécialité et celle de la médecine intensive-réanimation (MIR).
Une forte mobilisation espérée
Selon le Syndicat national des jeunes anesthésistes-réanimateurs (SNJAR), ce mouvement est « d’ampleur historique ». Le SNJAR revendiquait ce vendredi matin « des taux de grévistes avoisinant les 100 % pour les internes, 85 % pour les praticiens hospitaliers et 85 % pour les universitaires, rapportés à l’échelle nationale ».
Pour cette journée de grève nationale, les soins courants ont été suspendus, en revanche la permanence des soins (urgences vitales, chirurgie carcinologique) est maintenue. La grève a été rejointe par les anesthésistes-réanimateurs libéraux, a précisé le Dr Michel Dru, président du Syndicat national des praticiens hospitaliers anesthésistes-réanimateurs (SNPHAR-e).
Jointe par « le Quotidien », la DGOS souligne que « le service minimum est organisé au niveau de chaque établissement et de chaque territoire, afin que les situations et les besoins locaux soient pris en compte au mieux ».
Le ministère n'avait pas pris connaissance de réquisitions décidées par les préfets de département pour le mouvement des anesthésistes-réanimateurs*.
Le Dr Frank Verdonk, président du SNJAR, appelle à un rassemblement devant le ministère de la Santé à partir de 14h, ils seront rejoints par les internes d'hépato-gastroentérologie mécontents de la maquette proposée dans le cadre de leur diplôme d'études spécialisées (DES). Les syndicats ont demandé à être reçus par Marisol Touraine.
La refonte du 3e cycle divise l'anesthésie-réanimation et les partisans de la future médecine intensive-réanimation (MIR). Redoutant la « dislocation » de leur spécialité, plusieurs syndicats d'anesthésistes-réanimateurs (SNARF, SNPHARe et SMARNU), soutenus par le collège et le conseil national de la spécialité et sous l'impulsion du Syndicat des jeunes anesthésistes-réanimateurs (SNJAR), ont déposé un préavis de grève nationale pour le vendredi 31 mars. La CSMF a apporté son soutien au mouvement, estimant « primordial de garantir un niveau de compétence et une qualité de soins homogènes pour toutes les spécialités ».
Une enquête qui divise
La dernière réunion du 28 mars avec la DGOS n’a pas permis d'éteindre l'incendie. 459 postes d'anesthésie-réanimation et 97 en médecine intensive de réanimation seront a priori ouverts. « Nous redoutions que les internes des deux disciplines ne puissent tous accéder aux terrains de stage en réanimation. Le retour de l'enquête réalisée entre février et mars montre apparemment qu'il y aura assez de postes pour les anesthésistes et réanimateurs. Toutefois, ce ne sera pas le cas pour les autres spécialités comme la cardiologie, la néphrologie ou pneumologie », explique le Dr Clément Gakuba.
La méthodologie employée est également critiquée. « Nous avons étudié les capacités de formation et non les besoins dans ces deux spécialités », souligne le Dr Michel Dru. « Nous demandons des critères fiables et transparents prenant en compte la pyramide des âges, les départs à la retraite et les postes vacants pour définir les besoins dans les spécialités et donc le nombre de postes à ouvrir pour 2017 et les années suivantes », ajoute-t-il.
Les réanimateurs médicaux dans l'incompréhension
Contacté par « le Quotidien » , le Pr Christian Richard, président du Collège national des enseignants de réanimation s'est dit « étonné » du maintien de cette grève. « C'est un mauvais procès fait à l'ONDPS et la DGOS qui ont fourni un travail de qualité. Ils indiquent clairement que le nombre de stages sera suffisant pour les deux spécialités. C'est irrationnel », a-t-il souligné, ajoutant que le nombre de postes ouverts aux MIR était conforté par ce travail et n'impactait pas le profil professionnel, ni la filière de formation.
Même son de cloche pour le Dr Damien Roux, membre de la commission jeune de la société de réanimation de langue française. Les anesthésistes-réanimateurs ont « obtenu des garanties lors de la dernière réunion ». Les 97 postes en MIR ne sont pas « insensés » mais nécessaires pour « le renouvellement du contingent », précise-t-il.
Une autre réunion de concertation est prévue afin de continuer l'état des lieux de ces deux spécialités. « Nous souhaitons que l'équilibre se pérennise entre les deux filières, il sera peut-être renforcé plus tard en fonction de l'évolution des besoins », détaille le Dr Roux.
* Article mis à jour vendredi à 10h33.
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