Nouveaux modes de calcul du risque cardiovasculaire global

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Publié le 20/09/2021
Dans ses nouvelles recommandations pour la prévention des maladies cardiovasculaires, la Société européenne de cardiologie (ESC) met l’accent sur l’évaluation systématique du risque cardiovasculaire à l’aide des échelles SCORE 2, et SCORE 2-OP pour les plus âgés, ainsi que sur une approche individualisée.
Pour la première fois, les recommandations indiquent que l’arrêt du tabac est bénéfique même en cas de prise de poids

Pour la première fois, les recommandations indiquent que l’arrêt du tabac est bénéfique même en cas de prise de poids
Crédit photo : Phanie

Chaque année, le congrès de l’ESC apporte son lot de nouvelles recommandations. Cette année, l’ESC a entre autres mis à jour ses recommandations pour la prévention des maladies cardiovasculaires (MCV) en pratique clinique, en association avec une douzaine d’autres sociétés savantes.

Les experts rappellent en préambule que si l’incidence et la mortalité liée aux maladies athérosclérotiques sont en baisse dans la plupart des pays d’Europe, elles restent une cause majeure de morbimortalité. Et au total, 90 % du risque d’événement coronarien, d’accident vasculaire cérébral et de maladie artérielle périphérique peut être expliqué par des facteurs de risque la plupart modifiables : tabagisme, mauvaises habitudes alimentaires, manque d’activité physique, obésité abdominale, pression artérielle et/ou taux lipidiques sanguins élevés, diabète, facteurs psychosociaux et alcool.

En fonction de l’âge

Chez les sujets de moins de 70 ans en bonne santé apparente (indemnes de maladie athérosclérotique, diabète de type 2, maladie rénale chronique, anomalies lipidiques ou tensionnelles rares ou génétiques), l’estimation du risque cardiovasculaire à 10 ans à l’aide de l’échelle de calcul SCORE 2 est recommandée. À partir de 70 ans, il convient de recourir au SCORE 2-OP. Il existe plusieurs versions de ces échelles de calcul de risque en fonction des zones géographiques. La France fait partie des pays à faible risque, avec entre autres la Belgique, le Danemark et l’Espagne.

Les personnes doivent être considérés à haut, ou très haut, risque de MCV lorsqu'elles présentent : une maladie athérosclérotique, et/ou un diabète de type 2, et/ou une maladie rénale modérée à sévère, et/ou des anomalies lipidiques ou tensionnelles rares ou génétiques.

Une approche pas à pas

Une stratégie d’intensification thérapeutique pas à pas visant à prendre en charge de façon intensive les facteurs de risque est préconisée, en prenant notamment en compte le risque cardiovasculaire (RCV), les comorbidités et les préférences du patient.

La correction des facteurs de risque est ainsi recommandée chez les sujets apparemment en bonne santé à très haut RCV : SCORE 2 ≥ 7,5 % avant l’âge de 50 ans, SCORE 2 ≥ 10 % entre 50 et 69 ans et SCORE 2-OP ≥ 15 % à partir de 70 ans. Parmi les mesures préventives, le sevrage tabagique fait partie de celles ayant le plus d’impact : le risque de MCV avant l’âge de 50 ans est cinq fois plus élevé chez les fumeurs que chez les non-fumeurs. Pour la première fois, les recommandations indiquent que l’arrêt du tabac est bénéfique, même en cas de prise de poids. Quant à la cigarette électronique, ses effets à long terme sur le système cardiovasculaire et respiratoire ne sont pas encore connus et son utilisation parallèlement à la consommation de cigarettes doit être évitée.

Lutter contre la pollution

Les experts recommandent dans tous les cas une approche personnalisée, après discussion avec le patient de son RCV et des bénéfices attendus de la correction de ces facteurs de risque. L’existence de troubles mentaux, ayant un impact fonctionnel ou conduisant à un moindre recours aux soins, doit aussi être prise en compte.

Enfin, au niveau populationnel, la mise en place de mesures de lutte contre la pollution est préconisée : réduction de l’émission de particules en suspension et de gaz polluants, moindre recours aux énergies fossiles et limitation des émissions de dioxyde de carbone.

Dr Isabelle Hoppenot

Source : Le Quotidien du médecin