MALADIE DE L’OS EN CROISSANCE liée à un déficit d’apport en vitamine D, le rachitisme concerne tout particulièrement deux populations cibles, les nourrissons et les adolescents, qui connaissent une période de croissance importante.
« Cette maladie était très fréquente dans les années 1950, ce qui avait conduit en 1963 à imposer par circulaire ministérielle l’administration de vitamine D chez les moins de cinq ans, à raison d’une dose quotidienne jusqu’à 18 mois, puis de doses de charge l’hiver entre 18 mois et 5 ans. La France fut ensuite l’un des derniers pays, en 1992, à enrichir les laits en vitamine D (400 U/L). Ces mesures ont permis de faire disparaitre quasi complètement le rachitisme du nourrisson dans notre pays », rappelle le Pr Eric Mallet, qui note toutefois que si à ces doses le rachitisme ne se manifeste pas, l’apport n’est sans doute pas optimal.
Aujourd’hui, le rachitisme réapparait sous de nouvelles formes. Chez les nourrissons nourris au sein et non supplémentés, souvent issus de populations migrantes à peau pigmentée. « Le lait maternel est le meilleur aliment sauf pour l’apport en vitamine D », souligne le Pr Mallet. Et chez ceux ayant une allergie aux protéines du lait de vache sans supplémentation parallèle en vitamine D.
Et plus tard, à l’adolescence. « Nous avions rapporté il y a quelques années une cinquantaine d’observations d’adolescents présentant des déformations des membres inférieurs ou des arcatures douloureuses, ou dans un contexte d’urgence, un syndrome d’hypocalcémie avec tétanie voire convulsions », expose le Pr Mallet. Il s’agissait dans deux tiers des cas de filles ou d’adolescents avec peau pigmentée, vivant dans la majorité des cas au nord de la Loire.
Il est bien établi que l’adolescent a un statut vitaminique D insuffisant, la pratique de jeux intérieurs, le surpoids et le port de vêtements très couvrant favorisant le risque d’hypovitaminose. Un constat non sans conséquence puisque c’est à l’adolescence que la masse osseuse s’acquiert, et qu’un pic insuffisant expose à terme à un risque d’ostéoporose précoce.
Les règles.
C’est pour cette raison que le Comité de nutrition de la Société française de pédiatrie a rappelé récemment les règles sur la supplémentation en vitamine D. Chez le nourrisson, 600 à 600 unités par jour pour ceux nourris au biberon, et 1000 unités par jour pour ceux nourris au sein, puis, après 18 mois une supplémentation discontinue par doses de charge. Et chez l’adolescent au moment de la poussée de croissance (de 11 à 15 ans chez les filles et de 13 à 17 ans chez les garçons), la même dose deux fois chaque hiver ou une seule dose de 200 000 unités. « A ces doses-là, il n’y a pas d’effet délétère en même en l’absence de carence et il faut vraiment avoir le réflexe de prescrire aux adolescents de la vitamine D, qui est en outre dotée de nombreux effets pléïotropes positifs, notamment sur l’immunité. D’autant que cette supplémentation est globalement très bien acceptée par la population », conclut le Pr Mallet.
D’après un entretien avec le Pr Eric Mallet, Centre de référence des maladies rares du métabolisme du calcium et du phosphore, Département de pédiatrie médicale, CHU, Rouen.
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