LE BLISIMIMOD est, comme le belimumab, un inhibiteur de BAFF (B Cell activating factor, cytokine impliquée dans la survie, l’activation et la différentiation du lymphocyte B), administré par voie sous-cutanée. Il a été évalué dans un essai clinique de phase 2b chez des patients souffrant de lupus érythémateux disséminé (1). Cette étude a inclus 547 patients lupiques avec un SELENA-SLEDAI (Systemic lupus erythematosus disease activity index) supérieur ou égale à 6 qui ont été randomisés pour recevoir du blisimimod à trois posologies (100 mg/semaine, 200 mg/semaine ou 200 mg toutes les 4 semaines) ou un placebo. Le critère principal de l’étude était la réponse SRI-5 (indice composite comprenant une amélioration du SELENA-SLEDAI d’au moins 5 points, l’absence d’aggravation de l’évaluation globale du médecin…) à 24 semaines dans les groupes blisimimod regroupés comparativement au placebo. Ce critère principal n’a pas été atteint en raison d’un manque d’efficacité dans les groupes recevant les deux posologies les plus faibles. Cependant, cette réponse SRI-5 était plus élevée dans le groupe 200 mg/semaine versus placebo (p = 0,02 à 20 semaines). L’amélioration clinique était plus importante chez les patients présentant une maladie sévère (SELENA-SLEDAI ≥ 10) et recevant des corticoïdes (n = 278).
Une augmentation plus importante de réponses était observée avec le blisimimod sur tous les composants du SRI. Le traitement a été bien toléré, en particulier sur le plan infectieux avec toutes les posologies utilisées.
L’epratuzumab évalué à deux ans
L’epratuzumab est un anticorps monoclonal anti-CD 22 humanisé qui cible les cellules B. Les données concernant la phase ouverte d’extension à deux ans de l’étude de phase 2b EMBLEM ont été présentées à l’EULAR. L’étude EMBLEM avait été conçue pour identifier un schéma posologique approprié pour l’epratuzumab. Un total de 227 patients avec un lupus modéré à sévère a reçu soit un placebo, soit l’epratuzumab à la dose de 100 mg toutes les deux semaines, 400 mg toutes les deux semaines, 800 mg par semaine, 1 200 mg toutes les deux semaines ou 1 800 mg toutes les deux semaines. La phase d’extension ouverte a inclus 203 patients de n’importe quel bras afin de recevoir 1 200 mg d’epratuzumab aux semaines 0 et 2, répétées par cycles à 12 semaines.
L’exposition totale à l’epratuzumab était en moyenne de 845 jours (75-1185) avec une moyenne de 10 cycles de traitement. Les critères d’efficacité étaient la réduction de l’activité de la maladie évaluée par le BILAG (British Isles Lupus Assessment Group), le score SLEDAI, le PGA (Physician Global Assessment)… Le score médian de BILAG était de 25 à l’inclusion dans l’étude EMBLEM et de 9 à la semaine 108. Le score moyen SLEDAI était de 12 à l’inclusion et de 4 à la semaine 108. La proportion de patients répondeurs au traitement combiné était de 32,5 % à l’inclusion (n = 203) et de 60,3 % à la semaine 108 (n = 116). Les données de l’étude à deux ans montrent également une diminution de la consommation des corticostéroïdes par les patients (3). La proportion de patients nécessitant 7,5 à 20 mg/jour et plus de 20 mg/j a diminué (respectivement 49,8 % et 10 % à l’inclusion et 33,9 % et 8,0 % à la semaine 116) et la proportion de patients recevant moins de 7,5 mg/j ou qui n’étaient plus traités par corticostéroïdes a augmenté (respectivement 33, 5 % et 5,9 % à l’inclusion et 45,5 % et 12,5 % à la semaine 116).
En ce qui concerne la tolérance, les effets secondaires les plus graves étaient une poussée de la maladie (3,4 %), la néphropathie lupique (2 %) et la lithiase biliaire (1,5 %). 14, 3 % des patients ont arrêté leur traitement. Les infections les plus fréquentes concernaient les voies urinaires (24,6 %) et les voies respiratoires hautes (23,2 %). Aucune infection opportuniste ou sévère n’a été rapportée.
Le belimumab dans la vraie vie.
Les analyses post-hoc des essais BLISS sur le belimumab ont montré que le médicament était particulièrement efficace dans le sous-groupe de patients ayant un SELENA/SLEDAI› 10, chez ceux dont le taux d’anticorps anti-ADN était élevé et ceux sous corticothérapie. Les données d’un observatoire américain multicentrique (OBSErse) issues de 192 centres qui prennent en charge au moins 10 patients lupiques par an et ont au moins 5 années d’expérience dans la maladie ont été présentées (4). Tous les patients traités par belimumab avec au moins 8 perfusions dans le cadre de leur prise en charge habituelle ont été inclus dans la base de données. Les patients ayant des anticorps anti-ADN élevés, ayant un SELENA/SLEDAI en début de traitement supérieur à 10, ayant des corticoïdes à une dose ≥ 7,5 mg/j ont été analysés, soit 501 patients. L’âge moyen de ces patients était égal à 41,3 ans (89 % de femmes, 53 % de caucasiens, 24 % d’Afro-Américains et 18 % d’hispaniques) Le lupus était évalué depuis au moins 5 ans dans 56 % des cas. Globalement dans les trois sous-groupes, une amélioration d’au moins 50 % était observée chez environ la moitié des patients à 6 mois. Une diminution de la consommation de corticoïdes était également enregistrée.
(1) Furie B et al. Effects of blisimimod, a subcutaneous inhibitor of B cell activating factor, in patients with SLE. Abstract OP 0116.
(2) Gordon C et al. Epratuzumab maintains improvements in disease activity for over 2 years in patients with moderate-to-severe systemic lupus erythematosus : results from an open-label long term extension study (SL 008). Abstract THU 0272.
(3) Wallace D et al. Epratuzumab : sustained safety profile and effect on corticosteroid use on long term treatment in patients with moderate-to-severe systemic lupuserythematosous : results from an open label, long term extension study (SL008). Abstract THU 0277, 13 juin.
(4) Kan H et al Outcomes in systemic lupus erythematous (SLE) patients with high desease activity treated with belimumab : results from an observationnal study in United States (US). Abstract THU 0261.
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