Dr Thomas Mesnier (LREM) : « Ce texte est historique »

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Publié le 20/10/2020
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Rapporteur général, député de la Charente, l'urgentiste défend la mobilisation inédite de moyens financiers pour répondre à la crise.

Crédit photo : S.Toubon

LE QUOTIDIEN : Comment jugez-vous ce cru ?

Dr THOMAS MESNIER : C’est un texte historique avec une mobilisation sans précédent de moyens financiers. On le voit par le biais de l'ONDAM révisé à +7,6 % pour 2020 (au lieu de +2,45% prévus initialement, soit 10 milliards supplémentaires, NDLR) puis à 6 % en 2021, hors crédits Covid. Ce budget permet de répondre à la crise sanitaire et de tenir les engagements du Ségur de la santé en termes de revalorisation salariale des soignants et d’investissement pour l’hôpital public qui en a besoin depuis longtemps. Et puis, c’est quand même le premier PLFSS où l'on examine la création d’une cinquième branche autonomie. Pour ces raisons, je trouve que ce texte est beau.

4 milliards d’euros d'économies sont réclamés à l’hôpital, aux prescripteurs, aux industriels du médicament. Cette régulation est-elle supportable en temps de crise ?

Il y a un investissement financier très important pour répondre à la crise sanitaire et pour moderniser les hôpitaux et cliniques. À un moment donné, il faudra être en capacité de rééquilibrer les comptes de la Sécur. Les mesures de régulation sont donc nécessaires pour que nos dépenses de santé soient soutenables à l’avenir. Néanmoins, à titre individuel, je pousserai pour le prochain quinquennat en faveur d'un budget pluriannuel afin de donner à tous les acteurs de la santé des perspectives qu’il s’agisse de l’ONDAM ou des évolutions tarifaires.

Le budget prévoit 300 millions d’euros pour la rémunération des libéraux alors que l’hôpital va recevoir 8,8 milliards. La médecine de ville a-t-elle démérité ?

Non. Il n'est pas question de ne pas reconnaître l'implication des médecins libéraux. Mais il y avait un retard très important dans la rémunération des soignants à l’hôpital public notamment des infirmières et des aides-soignants. Ce rattrapage dans le cadre du Ségur était nécessaire.

Concernant les libéraux, les négociations ont commencé sur l’exercice coordonné, les soins non programmés, les CPTS, la visite. Il y a une enveloppe prévue. J’ai bien entendu que les syndicats souhaitaient une revalorisation du C qui n’était pas dans la lettre de cadrage du ministre. Cela devra être discuté avec la CNAM et le ministre de la Santé pour définir une éventuelle hausse de l’enveloppe. Je suis ouvert pour examiner le sujet mais il n’appartient pas au législateur de se positionner. 

Le PLFSS programme le report de la convention jusqu'en mars 2023, ce qui va priver la médecine libérale de revalorisations significatives pendant des années. Pourquoi ?

Les élections professionnelles doivent se tenir du 31 mars au 7 avril 2021. Une fois que les choses s'installeront, il faudra entamer la procédure pour une nouvelle convention avec une enquête de représentativité qui dure en général six mois. Le choix du gouvernement a été de privilégier 2023 et j’ai défendu cette position. Mais le report de la convention n’empêche pas des négociations avec des revalorisations tarifaires à la clé. Et c'est même en cours !

Pour financer les syndicats, une part des cotisations des médecins aux URPS sera prélevée. Vous allez priver ces Unions de leurs ressources…

Non. Nous n'allons pas mettre en difficulté les Unions régionales des professions de santé (URPS) avec cette participation car elles ont des réserves financières. Je précise que je n’ai pas soutenu plusieurs amendements visant à augmenter le taux annuel de la contribution correspondant à 0,5 % du plafond de la Sécurité sociale. Ce sera une bonne réforme pour améliorer et renforcer le financement des syndicats représentatifs.

Propos recueillis par Loan Tranthimy

Source : Le Quotidien du médecin