La rentrée s'annonce compliquée pour la Sécu. Le ralentissement de la croissance 2018 (1,8 % au lieu des 2 % espérés) risque d'impacter les arbitrages budgétaires sur le projet de loi de financement de la Sécurité sociale 2 019 (PLFSS). Autre élément du décor : éventé en juillet, le rapport d'experts Comité action publique 2022 (CAP 22), qui représente une trentaine de milliards d'euros d'économies (dont 5 milliards dans la sphère santé), place le gouvernement devant la nécessité de préciser ses réformes dans toute la sphère publique…
La progression de l'objectif national des dépenses d'assurance maladie (ONDAM général, proche de 200 milliards d'euros) devrait rester fixée à 2,3 % en 2019, comme en 2018. C'est du moins le taux annoncé mi-juillet dans le cadre du débat d’orientation des finances publiques, confirmant le cap fixé par Emmanuel Macron.
Mais quelle sera la répartition des enveloppes entre la ville et l'hôpital ? L'an passé, l'exécutif avait adressé un signal clair aux soins de ville avec un taux de 2,4 %, alors que les établissements avaient hérité d'un sous-objectif plus contraint (+2 % mais en réalité 2,2 % avec la hausse de deux euros du forfait journalier hospitalier). Le secteur ambulatoire attend à nouveau un soutien puissant pour se structurer et assurer la continuité des soins à la veille de réformes territoriales d'ampleur. « Dans les discours ministériels, il y a une petite priorité pour l'hôpital. La réforme de l'hôpital est très attendue par les Français sur la pertinence des soins, les hôpitaux de proximité, les urgences… Cela nécessite un financement. Mais cela ne va pas plaire aux libéraux », analyse déjà Claude Le Pen, économiste de la santé.
Le médicament, toujours variable d'ajustement ?
Pas question de « relâcher » l’effort sur les comptes sociaux, a prévenu Gérald Darmanin. Sans mesures correctives, la croissance naturelle des dépenses maladie est proche de 4 %… Pour tenir le cap, le gouvernement devrait s'inspirer à nouveau des pistes contenues dans le rapport « charges et produits 2 019 » de la CNAM cet été, qui table sur un train d’économies de deux milliards d'euros sur l'assurance-maladie.
Les principaux efforts attendus portent sur la pertinence des prises en charge dont l’accélération du développement de la chirurgie ambulatoire (200 millions d'euros), la régulation de la prescription médicamenteuse (280 millions d'euros), la lutte contre la fraude et les abus (220 millions d'euros). Cet été le coût des arrêts de travail s'est imposé dans le débat avec la piste d'un transfert partiel vers les entreprises (lire aussi page 4).
Ces projections n'incluent pas les actions gouvernementales directes sur les prix du médicament, mis fortement à contribution ces dernières années. Ce levier sera-t-il de nouveau actionné ? Les économies réclamées au secteur devront être conformes aux engagements du Premier ministre donnés aux industriels du médicament lors du dernier conseil stratégique des industries de santé (CSIS), en juillet. « Il est possible que l'exécutif ne maintienne pas ses engagements. Dans ce cas il faudra s'attendre à des réactions de la part des industriels de santé mais aussi des parlementaires », prévient Claude Le Pen.
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