Plusieurs fois repoussée, la « stratégie de lutte contre la pauvreté » comme aime à l’appeler Agnès Buzyn (vite rebaptisée « plan anti-pauvreté ») devrait être dévoilée cet automne. Elle devrait s’articuler autour de différents axes – simplification de l’accès aux aides sociales, insertion des jeunes, accompagnement vers l’emploi… - dont plusieurs sont liés à la santé. Si toutes les tranches d’âges sont concernées, une attention particulière devrait être portée aux enfants et aux jeunes. La pauvreté concerne en effet particulièrement les enfants : en 2014, ils étaient 19,4 % à en souffrir, dépassant l’ensemble de la population (14 %).
Le plan prévoirait ainsi que des petits-déjeuners gratuits soient proposés aux élèves dans certaines écoles et collèges. De fait, 30 % des 3-14 ans ne prennent pas de petit-déjeuner tous les matins, selon le CRÉDOC, ce qui peut avoir des conséquences sur leur santé et, in fine, leurs performances scolaires. La tarification des cantines pourrait en outre devenir progressive. Comment les établissements scolaires financeraient-ils cette mesure ? La chose n’est pas encore claire. Des dotations pourraient être versées directement aux écoles et collèges.
Autre point important du plan : l’augmentation du nombre de places en crèche allouées aux enfants de familles démunies et aux enfants handicapés. L’objectif est d’améliorer le développement de ces enfants et de favoriser le retour à l’emploi de leurs parents. Un rapport du Haut Conseil de la famille, de l’enfance et de l’âge, remis le 29 août dernier à Mme Buzyn et Mme Cluzel, l’a encore recommandé.
La ministre cherche ici à s’attaquer à un cercle vicieux : les personnes sans emploi, vivant à domicile, ne se voient pas attribuer de place en crèche car elles peuvent garder leurs enfants chez elles, tandis que les couples travaillant n’ont pas cette possibilité. Il est alors difficile à ces parents démunis de retrouver du travail. Un écueil auquel sont également confrontés les pères et les mères élevant seuls leur enfant : présentant de faibles revenus, ils ne sont pas retenus par les crèches qui craignent un manque à gagner.
Afin d’inciter les crèches à accueillir davantage d’enfants pauvres, une mesure a d’ores et déjà acté : des bonus allant jusqu’à 3 100 euros par an et par place pourront leur être attribués par la branche famille de la Sécurité Sociale. La mesure figure dans la nouvelle convention d’objectifs et de gestion de la Caisse nationale des allocations familiales, adoptée le 11 juillet dernier.
Article précédent
Ralentissement de la croissance, pression sur les économies : la Sécu en zone fragile
Article suivant
La psychiatrie attend du concret
Vers la révision politique des lois de bioéthique
Ralentissement de la croissance, pression sur les économies : la Sécu en zone fragile
Plan antipauvreté : les enfants ciblés en priorité
La psychiatrie attend du concret
Addictions : impatiences autour de la sortie du plan de la MILDECA sur fond de polémique autour de l'alcool
Accès aux études de santé, service sanitaire, pratiques avancées : grands travaux autour de la formation
Médecins libéraux : sous le signe de l'interpro et des territoires
Téléconsultations : top départ le 15 septembre, enfin le décollage ?
Transition de genre : la Cpam du Bas-Rhin devant la justice
Plus de 3 700 décès en France liés à la chaleur en 2024, un bilan moins lourd que les deux étés précédents
Affaire Le Scouarnec : l'Ordre des médecins accusé une fois de plus de corporatisme
Procès Le Scouarnec : la Ciivise appelle à mettre fin aux « silences » qui permettent les crimes