CHEZ L’ADOLESCENTE qui débute sa vie sexuelle, le principal danger n’est pas la contraception, mais l’absence de contraception. Sa fertilité importante l’expose à un risque de grossesse majeur, par ailleurs à haut risque. Les taux de décès liés à l’utilisation de la pilule (1/500 000 utilisatrices), contraceptif le plus employé car le plus simple à utiliser chez l’adolescente sont bien inférieurs à ceux liés à la grossesse (1/8 000 grossesses) et à l’IVG (1/5 000 IVG). Si les adolescentes ne souhaitent pas la grossesse, elles ne se sentent pas en danger de grossesse. De nombreuses grossesses résultent d’oublis de pilule (sur 3 mois 90 % des adolescentes l’oublient) ou de conduites à risques (preuve de fertilité, envie de reconnaissance, solution à la précarité).
Clichés et fausses idées.
Parmi les clichés, le fait que la pilule ne diminue pas le nombre d’IVG, qui stagne autour de 200 000 par an. Mais, souligne le Pr Patrick Fénichel, chef de Service d’endocrinologie et médecine de la reproduction, CHU Nice, « on oublie que la population de femmes augmente et que les tabous et pressions vis-à-vis de l’IVG diminuent. La grossesse est moins une fatalité. Si elle n’est pas désirée, les adolescentes ont dans 60 % des cas, recours à l’IVG (contre 40 % en 1975). Les grossesses et accouchements à haut risque chez l’adolescente diminuent ! Certes l’IVG est déculpabilisée, mais peu font fi des traumatismes psychiques et organiques et les multiplient ». Autre idée fausse : la pilule donnerait le cancer. En réalité, la pilule n’augmente pas le risque de cancer du sein et s’associe même à une diminution du risque de cancer de l’ovaire.
Le battage médiatique sur les risques thromboemboliques des pilules de 3e et 4e génération a cristallisé l’amalgame pilule-danger. Certaines adolescentes s’en détournent : c’est un produit synthétique, un médicament. Le risque thromboembolique sous pilule existe mais il est faible, moindre que lors d’une grossesse. Les pilules de 2e génération font courir un risque thromboembolique 2 à 4 fois plus faible (2 à 4/10 0000 années femmes) que celles de 3e et 4e génération car leurs progestatifs sont de plus puissants antiestrogènes (ils s’opposent ainsi aux effets thromboemboliques des œstrogènes). Elles sont à utiliser en 1re intention.
La première consultation pour contraception.
Les études médicales préparent peu à la contraception et à cette 1re consultation. Elle nécessite du temps, rarement consacré. Elle doit être facile d’accès, sans les parents, gratuite. Elle devrait prendre en compte la personnalité, le contexte socio-économique, le niveau d’éducation. Expliquer d’emblée que l’on ne fera pas d’examen gynécologique. Il est inutile. « L’adolescente le redoute, elle sera rassurée et plus réceptive aux informations : sexualité, cycles menstruels, reproduction, contraception, MST et moyens de les éviter, notions de respect et de responsabilité des 2 partenaires vis-à-vis de la contraception et de la prévention des MST, nécessité d’associer contraception féminine et contraception masculine par préservatif. Après un interrogatoire simple, si les cycles sont présents et normaux et en absence d’antécédents ou de facteurs de risques thromboemboliques, on pourra prescrire une pilule de 2e génération (plaquettes de 21 comprimés actifs et 7 comprimés placébo, à prendre les unes à la suite des autres, en expliquant la conduite à tenir en cas d’oubli) et, sur la même ordonnance, une contraception d’urgence (levonorgestrel, peu coûteux et le plus utilisé, ou ulipristal acétate) en précisant qu’il faut utiliser un préservatif jusqu’au retour des règles », précise le Pr Fénichel.
D’après un entretien avec le Pr Patrick Fénichel, Chef du Service d’endocrinologie et médecine de la reproduction, CHU Nice.
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