Un tiers des patients VIH sont diagnostiqués au stade tardif. 90 % ont pourtant eu recours au généraliste dans les 3 ans avant le diagnostic. Pour comprendre ces « occasions manquées », le Dr Mathilde Pillard (Saint-Etienne) a soumis à des omnipraticiens des vignettes cliniques correspondant à des (vrais) patients nouvellement dépistés.
Prises de risque Les vignettes conduisant le plus souvent au dépistage étaient celles où la prise de risque était explicite : 65 % des généralistes prescrivaient une sérologie VIH pour le tableau « diarrhée fébrile éruptive + multipartenariat », 60 % pour l’urétrite au retour de Thaïlande, 56 % lors d’une consultation de routine chez un homme ayant des rapports sexuels avec des hommes (HSH), et 47 % devant une angine chez un usager de drogue intraveineuse (UDIV). Encore faut-il poser la question de l’orientation sexuelle et des prises de risque, ce qui semble « difficile », « intrusif », « moralisateur » pour plusieurs médecins interrogés. La vignette de la « patiente de 67 ans à la retraite, remariée depuis 20 ans, consultant pour une polyadénopathie non fébrile depuis 1 mois » n’a fait évoquer le diagnostic qu’à 26 % des MG interrogés. La dermite séborrhéique, la pneumopathie résistante et la thrombopénie isolée, ferment la marche avec respectivement 21 %, 14% et 7 % de sérologies prescrites.
Le site VIHclic.fr présenté par les Drs Lucie Campagné et Eléonore Bernard (Paris 7 Diderot) rappelle que le dépistage est au minimum trimestriel chez les HSH et annuel chez les UDIV et personnes originaires d’Afrique et des Caraïbes. Les suspicions d’IST, de pneumopathie, de tuberculose et de cancer sont associées à un risque d’infection VIH. La demande de contraception, d’IVG, un viol mais aussi le désir/suivi de grossesse justifient une sérologie VIH, sans oublier les patients incarcérés.
La primo-infection est aspécifique : syndrome pseudo-grippal prolongé ou atypique, éruption maculo-papuleuse, pharyngite, polyadénopathies. 75 % des patients ont une thrombopénie, 50 % une leucopénie ; l’hyperlymphocytose avec syndrome mononucléosique est connue mais il peut aussi s’agir d’une lymphopénie. Un tableau digestif avec cytolyse est plus rare. La sérologie VIH fait aussi partie du bilan de cytopénie.
L’infection chronique s’exprime volontiers sur la peau, y compris au travers de lésions banales : dermite séborrhéique, folliculite, verrues, etc.
Une diarrhée > 1 mois, une asthénie chronique, une altération de l’état général (surtout si elle est fébrile avec sueurs nocturnes abondantes) sont associées à une infection VIH dans plus de 1 % des cas.
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