Tabac/médicaments

Des interactions à connaître

Publié le 18/11/2019
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Toutes les molécules ne sont pas connues, loin de là, mais le clinicien doit avoir la notion d’interactions potentielles PK/PD entre le tabac et les médicaments, ainsi que leurs conséquences thérapeutiques éventuelles.
Une soixantaine de substances ont été étudiées

Une soixantaine de substances ont été étudiées
Crédit photo : Phanie

Dans la fumée de cigarette, pas moins de 4 800 composés ont été identifiés. Ceux-ci se répartissent en deux phases : l’une gazeuse, l’autre particulaire, dont les composants sont hydrophiles comme les alcaloïdes (notamment la nicotine) mais aussi liposolubles comme les hydrocarbures aromatiques polycycliques (HAP), les goudrons, certains pigments, des métaux ainsi que des nitrosamines et des insecticides. La biodisponibilité de la plupart de ces constituants est relativement élevée et approche les 100 %.

Les mécanismes d’interférences sont de deux types : pharmacocinétique (PK) et pharmacodynamique (PD). Ces interactions ont été étudiées sur une soixantaine de substances médicamenteuses. Pour certaines, les deux mécanismes peuvent être impliqués.

Les interactions pharmacocinétiques concernent l’effet de l’organisme sur le médicament à savoir l’absorption, la diffusion, la métabolisation et l’élimination. Les composants de la fumée de cigarette agissent préférentiellement au niveau de la métabolisation, qui s’effectue de manière primordiale à travers un groupe d’enzymes comportant l’aryl-hydrocarbone-hydroxylase, plus communément appelée cytochrome P450 (CYP). Divers sous-groupes de ce CYP sont plus particulièrement incriminés dans ces interactions médicamenteuses comme les CYP1A1, CYP1A2, CYP2E1 et CYP2D6.

Parmi les composants de la fumée de cigarette interférant avec ces divers cytochromes, on retient les HAP, la nicotine, le monoxyde de carbone et les métaux lourds.

À l’inverse des précédentes, les interactions pharmacodynamiques concernent les effets du médicament sur l’organisme en termes d’activité et de tolérance. Seule la nicotine semble en être responsable : potentialisation ou antagonisme de l’action de médicaments. Elle possède des effets stimulants sur le système cardiovasculaire et le système nerveux, surtout sympathique.

Les médicaments décrits comme pouvant interagir avec les constituants de la fumée de cigarette concernent de nombreuses familles thérapeutiques : système cardiovasculaire, respiratoire, digestif, médications psychotropes, les produits pour anesthésie, l’insuline, les anticoagulants, l’aspirine, les contraceptifs oraux…

Service de Pneumologie, Clinique Saint Luc, Bouge

Dr Pierre Bachez

Source : Le Quotidien du médecin