L’examen de la bouche doit faire partie de l’examen clinique. Il peut révéler une maladie générale ou un cancer de la cavité buccale, favorisé par la consommation d’alcool, de tabac mais aussi de cannabis et par l’exposition aux papillomavirus oncogènes.
L’EXAMEN de la cavité buccale ne doit pas être oublié, car il peut être riche d’enseignements. « Dès le premier regard, le soin apporté aux dents ou au sourire témoigne bien souvent du soin apporté à sa personne », note le Dr Luc Chikhani, avant de rappeler que la bouche est au carrefour de fonctions très différentes : oralité, mastication, phonation, sexualité…
L’hyposialie, affection fréquente entraînant une sécheresse buccale, peut être lié à la prise de certains médicaments mais peut révéler une maladie auto-immune, en particulier un syndrome de Goujerot-Sjögren, primitif ou secondaire à un lupus érythémateux disséminé ou une polyarthrite rhumatoïde.
La bouche peut aussi être le siège de différentes maladies bulleuses, telles que le pemphigus, qui débute volontiers par la survenue de bulles au niveau de la muqueuse buccale, souvent prises pour des aphtes. La maladie de Kaposi est responsable dans environ la moitié des cas d’une atteinte des muqueuses, notamment buccopharyngée (gingivale, labiale, jugale, palatine, amygdalienne…).
Un lichen de la cavité buccale peut révéler une hépatite C chronique. La localisation buccale concerne la moitié des lichens plans : les lésions, qui peuvent survenir au niveau de la face interne des joues, des gencives, de la langue ou des lèvres, se manifestent par des taches blanches irrégulières, confluant parfois en plaques, douloureuses.
Gare aux lésions qui ne cicatrisent pas en 10-15 jours.
Déchaussement des dents, parondontopathie sont souvent la conséquence du tabagisme et doivent conduire à bien examiner la bouche afin de dépister un éventuel carcinome de la cavité buccale. « En pratique, toute lésion de la bouche qui ne cicatrise par en 10 ou 15 jours, en particulier si elle est indurée, doit être considérée comme suspecte jusqu’à preuve du contraire », insiste le Dr Luc Chikhani. Le tabagisme n’est toutefois pas le seul facteur de risque de carcinome épidermoïde. L’exposition au papillomavirus de type 16, en particulier chez les hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes, est à l’origine de carcinomes épidermoïdes de la cavité buccale chez des sujets parfois jeunes. Tout comme la consommation régulière de cannabis, même sans tabac, qui peut entraîner un carcinome épidermoïde, et ce dès l’âge de 30 ou 35 ans. « On est loin du terrain classique de survenue de ce type de cancer, l’homme de 70 ans ayant une consommation excessive d’alcool et de tabac. Face à une lésion qui ne disparaît pas, il faut donc savoir penser à la possibilité d’un cancer y compris chez un sujet jeune. Le diagnostic précoce est essentiel car le pronostic de la tumeur est lié à sa taille », conclut le Dr Chikhani.
D’après un entretien avec le Dr Luc Chikhani, service de stomatologie, hôpital Européen Georges-Pompidou, Paris.
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