PRÈS DE 22 800 cas de rougeole ont été déclarés en France entre janvier 2008 et mai 2012. Un chiffre qui ne reflète que très partiellement la réalité puisque la déclaration, redevenue obligatoire en 2005, n’est effective que dans 30 à 50 % des cas. Les adultes sont, avec les nourrissons de moins d’un an, les plus touchés par l’infection ; les plus de 18 ans concentrent ainsi près de 40 % des cas. Ce sont également eux qui font les formes les plus graves : la proportion de malades hospitalisés qui est globalement de 20 à 25 % des cas atteint 30 à 35 % chez les plus de 18 ans.
La France était en 2011 le pays d’Europe qui comptait le plus grand nombre de cas de rougeole (près de 80 % des cas déclarés), celui également qui en exportait le plus vers les pays voisins et jusqu’aux États-Unis. Cette situation a conduit les autorités de santé à renforcer les actions d’information sur la maladie et la vaccination et surtout à modifier le calendrier vaccinal pour favoriser le rattrapage. Depuis avril 2011, il est ainsi recommandé que toute personne née depuis 1980 ait reçu au total deux doses de vaccin Rougeole-Rubéole-Oreillons (RRO), soit par une vaccination à deux doses pour ceux qui n’ont jamais été vaccinés, soit par un rattrapage de la deuxième dose pour ceux qui n’en ont eu qu’une auparavant.
Depuis quelques mois la vague épidémique reflue. Les données provisoires de 2012 font état d’environ 800 cas pour les neuf premiers mois de l’année (contre près de 15 000 cas pour la même période en 2011).
Épuisement du réservoir, rattrapage vaccinal.
Cette situation, explique le Dr Denise Antona, est liée à un certain épuisement du réservoir de sujets réceptifs et à l’impact des mesures de rattrapage vaccinal. Pour autant, la plus grande vigilance reste de mise. La rougeole est en effet une des maladies les plus contagieuses : un malade contamine 15 à 17 personnes autour de lui (contre 2 à 3 pour la grippe par exemple). Et actuellement, même si l’on observe une diminution du nombre de cas, le réservoir de sujets susceptibles reste suffisamment important pour maintenir la transmission du virus et le taux de couverture vaccinale est trop faible pour parvenir à l’objectif d’élimination de la maladie. Dans ce contexte, indique Denise Antona, si la couverture vaccinale n’atteint pas le niveau requis de 95 % pour les deux doses, et, en particulier, pour la seconde dose, ce dont nous sommes encore loin, d’autres vagues épidémiques surviendront inévitablement dans les années à venir.
Saisir toutes les occasions.
Chez l’adulte, on ne dispose pas de données précises sur la couverture vaccinale mais l’enquête de prévalence menée par l’InVS en 2010 montrait qu’environ 9 % de la population âgée de 18 à 30 ans n’a aucun anticorps la protégeant contre la maladie. Cette situation concerne particulièrement les moins de 30 ans, dans la mesure où les personnes nées avant la mise en place de la vaccination au début des années 1980 ont pratiquement toutes contracté la rougeole dans l’enfance. Il est donc impératif, souligne le Dr Antona, que les médecins saisissent toutes les occasions, à la suite d’une contamination possible (dans un délai inférieur à 72 heures) ou même bien entendu en dehors de tout cas de rougeole dans l’entourage, pour mettre à jour la vaccination rougeole de leurs patients et parvenir aux deux doses de vaccin recommandées chez toute personne née à partir de 1980.
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