Comment a évolué le pronostic des diabétiques adultes en France à 5 ans d'intervalle ? C'est ce qu'ausculte la comparaison des deux enquêtes nationales menées sur des panels représentatifs de diabétiques français de plus de 45 ans, en 2001-2006 (ENTRED 2001 : 10 000 diabétiques), puis en 2007-2012 (ENTRED 2007 : 7 000 diabétiques).
L'analyse a été réalisée en pondérant les refus de participer, l'âge, le sexe et le traitement antidiabétique. Pour estimer la surmortalité, les taux de décès ont été standardisés sur la population européenne de 2007 et 2012 (Eurostat) et stratifiés par sexe et causes de décès multiples. L'âge moyen est comparable, les hommes avaient, au début de chaque enquête, autour de 65 ans et les femmes autour de 70 ans.
Résultats, entre la seconde enquête ENTRED 2007 et la première en 2001, la mortalité à 5 ans des diabétiques français a régressé. Chez les hommes, la mortalité totale est passée en taux standardisés de 48,5 à 35,8 % (RR = 0,74 [0,64 – 0,85]). Soit une réduction significative de près de 25 %.
Chez les femmes, cette mortalité à 5 ans a peu évolué. Elle est passée de 30,5 à 27,1 % de décès (RR = 0,89 [0,77 – 1,02]). La mortalité diabétique féminine est donc toujours plus faible que celle des hommes mais elle semble stagner en France. « Les femmes payent un plus lourd tribut que par le passé sur le plan cardiovasculaire. Ce n'est pas propre au seul diabète. Nous ne sommes peut-être pas assez attentifs au risque cardiovasculaire féminin », note Sandrine Fosse – Edorh (INVS).
Entre 2001 et 2007, dates d'inclusion dans ces deux cohortes, la prise en charge de plusieurs facteurs de risque a globalement progressé chez les diabétiques français. On note en particulier une amélioration du contrôle glycémique (HbA1c : – 0,3 %), du contrôle tensionnel (PAS/PAD : – 3/–2 mm Hg) et du taux de LDLc (– 0,18 g/l). A contrario, l'obésité a progressé (+7 %) ainsi que le tabagisme.
Un plus lourd tribut
Les femmes pourraient en outre à l'avenir payer proportionnellement un plus lourd tribut que les hommes à la maladie diabétique, par rapport aux non diabétiques. La surmortalité à 5 ans des hommes diabétiques comparée à la population générale masculine dans les mêmes tranches d'âge, s'est réduite. Cette surmortalité standardisée est passée, pour les hommes diabétiques de 1,53 à 1,34. Pendant ce temps, celle des femmes diabétiques n'a quasiment pas reculé. Leur surrisque de décès reste autour de 1,5 (1,57 dans ENTRED 1, 1,51 dans ENTRED 2) à 5 ans. Plusieurs facteurs peuvent avoir joué un rôle.
Dans ces cohortes de diabétiques, les maladies cardiovasculaires restent largement en tête des causes de décès. Et le bénéfice enregistré chez les hommes semble essentiellement lié à un recul de leur mortalité cardiovasculaire. « Il est donc primordial de rappeler l'importance des mesures de prévention cardiovasculaire chez le diabétique, en particulier chez les femmes, sans oublier le tabagisme », conclut Sandrine Fosse – Edorh.
D'après une intervention de Sandrine Fosse – Edorh (INS). Evolution de la surmortalité des personnes diabétiques traitées pharmacologiquement entre 2002-2006 et 2007-2012. Cohortes ENTRED 2001 et ENTRED 2007
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