De très nombreux patients diabétiques présentent une atteinte cutanée en rapport avec leur diabète. Parmi ces atteintes, on retrouve
- la dermopathie diabétique, maladie de peau la plus fréquente chez les diabétiques, qui consiste en des petites lésions rondes de couleur ocre ou rougeâtre des crêtes tibiales ou des avant-bras, initialement papuleuses devenant atrophiques et pigmentées ;
- les papules de Huntley qui siègent sur les faces dorsales des mains et parfois tout le long des doigts et donnent un aspect d’épaississement de la peau. La nécrobiose lipoïdique qui survient principalement chez les diabétiques de type 1, sur la face antérieure de la jambe, de façon bilatérale et symétrique ;
- les lésions débutent par des papules ou des nodules rouge-brun, confluant en plaies irrégulières. Le centre devient jaune orangé en raison d’une surcharge graisseuse atrophique lisse et télangiectasique ;
- l’acanthosis nigricans se présente sous forme d’un épaississement pigmenté, localisé préférentiellement dans les plis du cou, axillaires, sous-mammaires et inguinaux ;
- la cheiro-arthropathie, plus rare, se traduit par une peau scléreuse et un enraidissement des articulations des mains (signe de la prière) ;
- la bullose diabétique apparaît sous forme de bulles non inflammatoires aux zones traumatisées (membres supérieurs mais aussi inférieurs) ;
- le sclérœdème de Buschke se traduit par des plaques scléreuses à la partie supérieure du thorax ou à la racine des membres.
Chez plus d’un tiers des diabétiques
Une étude observationnelle quantitative, monocentrique a été réalisée par le Dr Pierre Frances (Banuyls-sur-Mer) pendant trois mois (entre novembre 2015 et janvier 2016) afin de déterminer l’importance des manifestations cutanées chez les patients diabétiques de type 2 et l’intérêt que peut avoir cette recherche pour les médecins généralistes. 213 patients ont été recrutés. La classe d’âge la plus représentée était celle des 60-69 ans (33,3 %) avec une majorité d’hommes (55,9 %). 44,6 % des patients avaient un diabète depuis plus de 10 ans (moyenne 10,6 ans). Le taux moyen d’HbA1c était inférieur ou égal à 7 % pour 51,2 % des patients. 56 % des patients avaient une monothérapie, 27 % une bithérapie et 8 % une trithérapie. Les atteintes cutanées retrouvées ont été les suivantes : dermopathie diabétique (17,4 %), papules de Huntley (8,5 %), nécrobiose lipoïdique (2,8 %), acanthosis nigricans (2,3 %), cheiroarthropathie (1,9 %), bullose (1,4 %) et sclérœdème de Buschke (1,4 %).
Parmi ces patients diabétiques ayant une dermatose, 16 % présentaient une coronaropathie, 30,5 % une artériopathie, 4,2 % une microangiopathie et 5,6 % une néphropathie. L’étude a montré qu’il y avait une corrélation significative entre dermopathie et complications macrovasculaires (OR : 8,66, p 0,003), surtout au niveau artériel périphérique (OR 5,15, p 0,02).
En conclusion, les pathologies cutanées non infectieuses ne sont pas anecdotiques (elles ont été objectivées chez 36 % des patients).
Même avec un échantillon de faible importance, une corrélation entre les pathologies dermatologiques et la survenue des artériopathies périphériques a pu être mise en évidence. Ainsi, il est possible grâce à ces manifestations cutanées (un coup d’œil suffit) de rechercher une atteinte macro-angiopathique.
De ce fait, les signes cutanés présentent un intérêt important pour les praticiens généralistes.
D’après la communication du Dr Pierre Frances (Banyuls-sur-Mer), lors de la session « Le miel et les abeilles »
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