En France, 18 % des enfants de cours moyen (CM2) sont en surpoids et 4 % sont obèses, des chiffres qui cachent des disparités, puisqu’il existe un net gradient social : un enfant d’ouvrier a quatre fois plus de risque d’être obèse qu’un enfant de cadre. Après la puberté, un enfant obèse sur deux le restera à l’âge adulte.
L'origine sociale en question
Les données publiées récemment par la direction de la recherche, des études, de l'évaluation et des statistiques (DREES) sur la santé des élèves de CM2 en 2015 soulignent des différences importantes en termes de facteurs de risque comportementaux selon l’origine sociale : 26 % des enfants de cadre ont un écran dans leur chambre comparativement à 43 % des enfants d’ouvriers. Parmi les enfants de cadres 8,4 % passent plus de 2 heures par jour devant la télévision, versus 16,4 % des enfants d’ouvriers. Ces derniers sont 26,4 % à consommer des boissons sucrées tous les jours, contre 15,2 % des enfants de cadre, et 66,9 % font du sport au moins une fois par semaine versus 78,4 %.
Agir le plus tôt possible
Que faire en pratique ? Les recommandations de la Haute Autorité de santé publiées en 2011 avaient mis l’accent sur le dépistage et l’attention portée aux signes d’alerte, comme la précocité du rebond d’adiposité ou le changement rapide vers le haut de la courbe d’indice de masse corporelle. Il faut en effet agir tôt, et la nouvelle convention, qui valorise certains actes, devrait donner aux médecins généralistes un peu plus de disponibilités pour le repérage et le suivi de ces enfants. La Caisse nationale d’Assurance-maladie va mettre en place une expérimentation chez les enfants de 3 à 8 ans dans 3 départements, avec la possibilité de prescrire une prise en charge pluridisciplinaire entièrement gratuite pour l’enfant et sa famille. L’expérience rapportée par la Dr Margot Bayart souligne également l’importance d’une prise en charge multidisciplinaire de proximité. Ce médecin généraliste exerçant en milieu rural dans le Tarn travaille depuis 2014 en binôme avec une infirmière Action de santé libérale en équipe (Asalée), Emmanuelle Mailhé, qui fait le lien entre le réseau de proximité et le Réseau de prévention et de prise en charge de l’obésité pédiatrique (REPPOP). Le médecin assure le suivi médical, l’infirmière Asalée met en place et coordonne le plan de soins en concertation avec le médecin et assure l’éducation thérapeutique au sein du cabinet médical, ce qui est particulièrement apprécié des enfants et de leurs parents. Depuis 2014, 19 enfants ont été inclus dans ce type de suivi.
D’après les communications des Drs Barbara Chavannes et Margot Bayart, collège de la médecine générale, de la Dr Isabelle Vincent, Caisse nationale de l'assurance maladie des travailleurs salariés (CNAMTS) et de Mme Emmanuelle Mailhe, infirmière Asalée.
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