La psychiatrie du sujet âgé prend en charge les troubles qui débutent à un âge avancé, mais également les pathologies d’évolution chronique qui surviennent avant mais requièrent, avec le vieillissement des patients, une approche spécialisée, en mesure faire avec les altérations cognitives, les comorbidités somatiques, les nécessaires adaptations thérapeutiques ou encore la perte d’autonomie.
Le contexte démographique, la fréquence des pathologies psychiatriques dans la population âgée, leur expression souvent atypique : autant d’éléments qui avaient rendu indispensable la création d’une surspécialisation. « La réforme 2017 du 3e cycle des études médicales a enfin permis de créer une option “psychiatrie de la personne âgée“, officialisant ainsi son statut de véritable surspécialisation de la psychiatrie, au même titre que la pédopsychiatrie. Des internes pourront dorénavant s’y former, c’est une grande victoire ! », se félicite le Pr Frédéric Limosin, du Centre ressource régional de psychiatrie du sujet âgé (CRRPSA) à l’hôpital Corentin-Celton (Issy-les-Moulineaux). Cette surspécialisation comprend des aspects universitaires d’enseignement et de recherche, ce dernier champ restant encore largement à explorer, non seulement dans le domaine clinique et thérapeutique, mais aussi en épidémiologie et en neurosciences. Pour la quatrième année, les Journées de la psychiatrie de la personne âgée (JPPA) auront lieu pendant de ce congrès du CFP, les 6 et 7 décembre, sous l’égide de la Société francophone de psychogériatrie et de psychiatrie de la personne âgée.
Élaborer des recommandations
La spécialisation en psychiatrie de la personne âgée a également pour objectif d’élaborer et de diffuser des recommandations de bonnes pratiques et des algorithmes de traitements médicamenteux. Il existe en effet très peu de recommandations spécifiques au sujet âgé à ce jour, alors même que l’on connaît les spécificités du maniement des psychotropes dans cette population. « Au sein du CRRPSA, le premier Centre ressource de ce type labellisé en France, nous travaillons actuellement sur des algorithmes de traitements médicamenteux dans la dépression, la manie, les troubles anxieux ou encore les symptômes psychocomportementaux des démences », détaille le Pr Limosin.
La balance bénéfices/risques est particulièrement importante à prendre en considération, les sujets âgés étant plus sensibles aux effets secondaires des psychotropes avec, en particulier, un risque plus élevé de sédation, de troubles cognitifs, de chutes. Il faut également tenir compte des altérations de la fonction rénale, des comorbidités somatiques et de la polymédication. Il est souvent nécessaire de recourir à des posologies inférieures à celles prescrites chez le sujet adulte non âgé et il peut être nécessaire d’attendre un délai plus long avant de conclure à l’inefficacité d’une molécule. C’est notamment le cas des antidépresseurs, qui peuvent mettre 6 à 8 semaines avant d’agir significativement sur une dépression.
Un parcours de soin à inventer
L’organisation de notre système de santé devra suivre la dynamique, en développant une offre de soins adaptée à la psychiatrie de la personne âgée, allant des soins de proximité (consultations spécialisées, hôpitaux de jour et unités d’hospitalisations dédiés) à des centres ressources dans chaque région pour le recours. Il sera également nécessaire de créer, sur l’ensemble du territoire, des équipes mobiles qui interviendront au domicile des sujets âgés, y compris au sein des Ehpad, et de développer la télémédecine.
Entretien avec le Pr Frédéric Limosin, Centre ressource régional de psychiatrie du sujet âgé (CRRPSA), hôpital Corentin-Celton, Issy-les-Moulineaux
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