Plusieurs études l’ont souligné : en pratique clinique, le suivi de recommandations améliore les attitudes thérapeutiques, notamment en apportant plus de rigueur dans la stratégie de prise en charge, étape par étape, des patients. « C’est la méthodologie qui apporte un effet positif », souligne le Pr Pierre-Michel Llorca, qui a coordonné les recommandations professionnelles de l’Association française de psychiatrie biologique et de neuropsychopharmacologie (AFPBN) sur le traitement des troubles bipolaires et sur l’emploi des antipsychotiques à action prolongé. Fondée il y a 40 ans par le Pr Pierre Deniker, l’AFBPN élabore des recommandations professionnelles depuis une dizaine d’années, dont la dernière en date, en 2017, portait sur la prise en charge de la dépression résistante.
La démarche de ces recommandations formalisées d’experts vise à fournir un cadre général de pratique mais aussi à répondre des problématiques particulières. Par exemple sur la dépression au cours de la grossesse, pour laquelle il n’y a aucune recommandation issue de la « médecine basée sur les preuves », en l’absence de la possibilité éthique de faire des études dans cette population clinique. Elles prennent aussi en compte les spécificités françaises, ce qui n’est bien sûr pas le cas des recommandations internationales. Certes, il y a en France diverses recommandations de la Haute Autorité de santé, mais elles ne recouvrent pas l’ensemble des situations que les praticiens rencontrent dans leur exercice.
Situations cliniques orphelines
La méthodologie utilisée par l’AFPBN est mixte : analyse de la littérature, qui permet faire un état des lieux des pratiques et de leur efficacité, mais aussi de définir des « situations cliniques orphelines », sur lesquels un panel d’experts qualifiés se prononce. Une fois rédigées, les recommandations sont soumises à un comité de lecture indépendant pour validation.
La session de l’AFBPN va ainsi permettre dans une première partie de présenter la méthodologie d’élaboration des recommandations et de rappeler leur intérêt en pratique car, bien que connues, elles ne sont pas souvent utilisées. « Dans une seconde partie, nous présenterons les projets, notamment celui sur la gestion des périodes de crise des maladies psychiatriques », invite le Pr Pierre-Michel Llorca (Clermont-Ferrand).
Entretien avec le Pr Pierre-Michel Llorca, CHU de Clermont-Ferrand, AFPBN
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