Fractures ostéoporotiques

Confirmation de l’impact sur la qualité de vie

Publié le 22/04/2011
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L’ÉVOLUTION de la qualité de vie après fracture de la hanche, du poignet ou d’une vertèbre a été analysée sur une cohorte de 2 737 patients suivis pendant 4 mois dans l’étude ICUROS (International costs and utilities related to osteoporotic fractures study) (1). Celle-ci a porté sur au moins 30 cas de chaque type de fractures dans neuf pays ont été analysés, les données étant complétées par celles issues dans l’étude KOFOR. La qualité de vie a été estimée au moyen de l’échelle EQ-5D, qui explore différentes dimensions : la mobilité, l’intérêt porté à sa propre santé, les activités usuelles, les douleurs et l’inconfort, l’anxiété et la dépression.

Au total, l’analyse a porté sur 1 273 cas de fracture de hanche, 953 fractures du poignet et 511 fractures vertébrales. La perte de qualité de vie 4 mois après la fracture était plus importante lorsqu’elle était localisée au niveau de la hanche (- 0,12 à 0,21), suivie du rachis (-0,06 à 0,18), avec les pertes les plus élevées chez les patients hospitalisés), puis du poignet (-0,05 à 0,08), et ce dans tous les pays étudiés. Des données qui confirment ainsi l’impact notable des fractures sur la qualité de vie initiale.

Des dépenses importantes.

Un autre travail a évalué le coût des fractures ostéoporotiques dans six pays européens (Allemagne, Espagne, France, Italie, Royaume-Uni, Suède) par modélisation à partir de données de population portant sur l’incidence fractures, les coûts de la prévention et des soins et la mortalité. Les coûts totaux s’élèvent à environ 31 milliards d’euros par an, dont 56 % pour les fractures de la hanche, 37 % pour les fractures « autres », 5 % pour les fractures vertébrales et 2 % pour les fractures du poignet. Ainsi, la majorité des dépenses sont liées aux soins après fractures, la part des médicaments de prévention étant marginale.

En se basant sur les données colligées au cours du suivi de la cohorte du Hertfordshire, une équipe britannique a étudié les contributions respectives des facteurs de risque clinique, de la densité minérale osseuse et des antécédents de chutes dans la prédiction du risque de fractures (3). À l’inclusion, 1 168 hommes et 1 131 femmes ont bénéficié d’un questionnaire médical et d’un examen clinique. Ils ont ensuite, en moyenne 5,5 ans plus tard, répondu à un questionnaire adressé par voie postale. Une mesure de la densité minérale osseuse a été effectuée dans un sous-groupe de patients (368 hommes et 407 femmes).

L’un des enseignements majeurs de ce travail concerne les antécédents de chutes depuis l’âge de 45 ans, qui se montrent un facteur prédictif indépendant de fracture : HR = 7,31 (3,78-14,14) chez les hommes et HR = 8,56 (4,85-15,13) chez les femmes. Pour les auteurs de cette analyse, ce paramètre devrait être pris en compte dans la décision individuelle de traiter ou non un patient par un médicament anti-ostéoporotique, en particulier chez les hommes. En outre, l’existence d’antécédents de chute devrait constituer un signal d’alerte pour les praticiens, pouvant faire envisager la mise en place de mesures de prévention des chutes.

Ménopause et obésité.

Selon une autre étude, l’augmentation du risque de chutes, à côté d’une moindre mobilité, joue probablement un rôle important dans la pathogénie des fractures chez les femmes ménopausées et obèses  (4). Enfin, une analyse récente a été menée sur une vaste cohorte de plus de 57 000 femmes ménopausées non institutionnalisées, issues de 10 pays. La prévalence de l’obésité (IMC) ≥ 30 kg/m2) était de 23,8 %. Un antécédent de fracture après l’âge de 45 ans a été rapporté chez 23 % des femmes obèses contre 24 % des non-obèses. Comparativement aux non-obèses, les femmes ménopausées obèses présentaient un risque significativement accru de fracture incidente au niveau du membre supérieur, de la cuisse ou de la jambe, tandis que les fractures incidentes du poignet, de la hanche ou du pelvis étaient significativement moins fréquentes. Celles présentant une fracture incidente étaient plus souvent traitées par corticoïdes, avaient plus souvent eu une ménopause précoce et rapportaient plus fréquemment un « mauvais état de santé ». Elles devaient plus souvent s’aider des bras pour passer de la position assise à la position debout et déclaraient plus fréquemment être tombées deux fois ou plus au cours de l’année précédente.

D’après les présentations de :

(1)Borgström F et coll. Quality of life four months following a fracture-Results frome the ICURO.

(2) Ström O et coll. The burden of fractures in France, Germany, Italy, Spain, Sweden and the UK.

(3) Edwards MH et coll. Clinical risk factors, bone mineral density and falls history in the prediction of incident fracture among men and women.

(4) Compston J et coll. Fractures in obese postmenopausal women : prevalence, skeletal location and risk factors.

 Dr ISABELLE HOPPENOT

Source : Le Quotidien du Médecin: 8948