Observance dans l’ostéoporose

Intérêt d’un suivi téléphonique

Publié le 02/12/2013
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IL A ÉTÉ MONTRÉ que l’observance thérapeutique au cours de l’ostéoporose est loin d’être satisfaisante. D’après les études, une patiente sur deux ne poursuit pas son traitement, un an après sa prescription d’anti-ostéporotiques oraux. « Notre équipe a ainsi réfléchi à une stratégie utile pour améliorer l’observance des patientes ostéoporotiques, pendant la première année du traitement. Nous avons alors pensé à un coaching par téléphone », explique le Dr Vincent Ducoulombier. L’étude contrôlée, randomisée, a porté sur 164 patientes (âge moyen 70 ans) souffrant d’ostéoporose post-ménopausique qui ont été recrutées après la survenue d’une fracture pour laquelle elles avaient été prises en charge à l’hôpital (recensement via une filière de soins).

Soixante-sept ont été prises en charge initialement en consultation et 97 en hospitalisation de jour (pose du diagnostic et prescription initiale).

La grande majorité des patientes (61,6 %) s’est vue prescrire un bisphosphonate hebdomadaire, 37,8 % prenaient du ranélate de strontium et les autres recevaient un SERM (modulateur sélectif des récepteurs oestrogéniques). Pour chaque modalité de prise en charge initiale, un tirage au sort avec randomisation orientait vers le groupe intervention (suivi téléphonique) ou contrôle (pas de suivi téléphonique). Les appels téléphoniques (d’une durée de 5-10 minutes) étaient effectués par des secrétaires médicales tous les 2 mois pendant un an. Ils avaient pour but de dépister les problèmes d’observance et d’aider à les résoudre. Quinze patientes sont sorties de l’étude au cours du suivi. L’observance thérapeutique était évaluée lors d’une consultation médicale après un an de suivi.

Les résultats montrent un impact très positif du suivi téléphonique.

Parmi les patientes prises en charge en consultation, 66,6 % étaient observantes dans le groupe intervention contre 29,4 % dans le groupe contrôle (p ‹ 0,01). Parmi les patientes prises en charge en hospitalisation de jour, 63 % étaient observantes dans le groupe intervention, contre 35,4 % dans le groupe contrôle (p ‹ 0,01).

Si on compare les patientes avec ou sans suivi téléphonique quel que soit le mode de prise en charge initiale, 64,6 % étaient observantes dans le groupe intervention contre 32,9 % dans le groupe contrôle ( p ‹0,01).

« Nos résultats confirment la mauvaise observance au cours de l’ostéoporose, même dans le cas de patientes prises en charge initialement dans le cadre d’une filière de soins », fait remarquer le Dr Ducoulombier. « Le suivi téléphonique apparaît efficace et simple à mettre en place. Cette stratégie présente un certain nombre d’avantages, notamment un faible coût, une absence de déplacement pour le patient et pas d’augmentation du temps-médecin. »

Ces résultats plaident pour l’utilisation de cette stratégie en pratique clinique courante, notamment pour des patientes prises en charge dans le cadre d’une filière de soins.

D’après un entretien avec le Dr Vincent Ducoulombier, hôpital Saint-Philibert, Lomme.

(1) Ducoulombier V, Luraschi H, Forzy G, et al. Intérêt d’un suivi téléphonique pour améliorer l’observance des traitements oraux prescrits dans le cadre de l’ostéoporose post-ménopausique : étude contrôlée randomisée PACTOS, abstract n° 009167.

 CHRISTINE FALLET

Source : Le Quotidien du Médecin: 9285