Baisse de la libido

Les femmes ne désirent pas (toujours) comme les hommes

Publié le 07/03/2013
Article réservé aux abonnés
1362737288413730_IMG_100024_HR.jpg

1362737288413730_IMG_100024_HR.jpg
Crédit photo : MediaforMedical

« LA LIBIDO, ou désir, n’est pas de l’ordre de la permanence », rappelle le Dr Arnaud Sevène. Le désir dans un couple évolue, pas toujours au même rythme pour les deux partenaires, ce qui peut conduire à des interrogations, de la culpabilité, des malentendus, la confusion étant parfois faite entre désir et amour.

Toute la problématique découle de l’assimilation du désir féminin au désir masculin, confusion largement entretenue par les médias, notamment et paradoxalement féminins. Selon le modèle de Rosemary Basson, il n’y a pas un modèle unique de sexualité et si le désir de la femme est assez masculin au début de la rencontre, il tend à évoluer avec le temps vers une forme de réceptivité, plus éloignée du mode de fonctionnement masculin. La sexualité de l’homme peut en effet fonctionner en instantané, en dehors d’un contexte, tandis que la sexualité de la femme s’inscrit dans le contexte. Ainsi, des soucis de travail, par exemple, pourront avoir plus facilement un impact sur la libido chez la femme que chez l’homme.

Une source de culpabilité.

Par ailleurs, les hommes ont un passage plus rapide à la sexualité, alors que les femmes ont généralement besoin d’une phase de transition subtile, de rapprochement et d’intimité émotionnelle. Ce décalage entre les partenaires est une source de culpabilité pour les femmes, qui d’une part ne sont pas satisfaites et d’autre part se sentent coupables de ne répondre ni au désir de leur partenaire ni à ce qu’elles supposent être la norme.

Il est ainsi fondamental de faire prendre conscience aux partenaires de leurs différences, ce qui suffit bien souvent à rassurer les femmes, mais aussi les hommes sur leur séduction, leur capacité à être aimés. En restaurant sur cette base une sexualité qui fait appel à une notion de qualité et non de quantité, l’homme devient moins revendicateur.

Un travail de communication.

Un gros travail de communication est donc nécessaire, ce qui n’est pas toujours facile en pratique car il reste de nombreux tabous autour de la sexualité, des problèmes de langage avec une confusion entre désir, excitation, amour.

Bien sûr la disparition du désir peut aussi traduire une remise en question au niveau amoureux, comme elle peut s’expliquer par une condition médicale. La baisse de la libido est assez fréquente après une ménopause chirurgicalement induite (ovariectomie). Le recours à des patchs aux androgènes est dans ce contexte intéressant. La grossesse peut entraîner des variations du désir, dans un sens comme dans l’autre, alors que l’allaitement, lui, s’accompagne souvent d’une baisse de la libido, que l’homme doit respecter. Enfin, une cause médicamenteuse, telle que la prise d’antidépresseurs, doit être recherchée.

D’après un entretien avec le Dr Arnaud Sevène, médecin sexologue, Paris.

 Dr ISABELLE HOPPENOT

Source : Le Quotidien du Médecin: 9224