Suite à la publication d’une étude mettant en cause l’innocuité à long terme du maïs transgénique NK 603 sur les rats, les ministres de la Santé, de l’Ecologie et de l’Agriculture indiquent avoir « immédiatement » saisi l’Agence nationale de sécurité sanitaire (ANSES). L’étude, réalisée par l’équipe de Gilles-Eric Séralini, professeur de biologie moléculaire à l’Université de Caen, et publiée en ligne dans la revue « Food and Chemical Toxicology », fera également l’objet d’une analyse par le Haut Conseil des biotechnologies.
En fonction de l’avis de l’ANSES, le gouvernement demandera aux « autorités européennes de prendre toutes les mesures nécessaires en termes de protection de la santé humaine et animale, mesures qui pourront aller jusqu’à suspendre en urgence l’autorisation d’importation dans l’Union européenne du maïs NK 603, dans l’attente d’un réexamen de ce produit sur la base de méthodes d’évaluation renforcées ». Cette étude « valide la position de précaution prise par le gouvernement français sur le moratoire des cultures OGM », poursuit le communiqué des ministres. Le gouvernement demande aux autorités européennes de renforcer « dans les meilleurs délais et de façon significative » l’évaluation des risques sanitaires et environnementaux.
L’Europe en alerte
La Commission européenne annonce avoir demandé à l’agence chargée de la sécurité des aliments en Europe d’examiner les résultats d’une étude démontrant la toxicité des OGM pour la santé. L’étude démontre que des rats nourris avec du maïs génétiquement modifié ont été frappés au bout de 13 mois par des pathologies lourdes, notamment des tumeurs.
« Nous n’avons pas lu l’étude, mais nous allons le faire et nous avons demandé à l’Agence européenne de sécurité des aliments (EFSA) de se saisir du dossier », a déclaré Frédéric Vincent, porte-parole du commissaire européen à la Santé, John Dalli, chargé du dossier des autorisations de mise en culture et de commercialisation des OGM. « Si des faits scientifiques nouveaux sont démontrés, nous en tirerons les conséquences », a-t-il assuré. La première conséquence est le gel de l’examen de la demande de renouvellement de l’autorisation de culture accordée au géant américain Monsanto pour sa semence OGM MON 810, a indiqué le porte-parole.
Deux ans d’observation
L’étude de Gilles-Eric Seralini, qui préside le conseil scientifique du Comité de recherche et d’information indépendantes sur le génie génétique (Criigen), est présentée par son auteur comme une première mondiale en raison de sa durée (deux ans) et du nombre de paramètres enregistrés sur les animaux (200 rats). Jusqu’à présent, les études pour démontrer l’innocuité d’un OGM pour la santé sont menées sur 90 jours au maximum. « Cette durée de 90 jours est optionnelle », a reconnu Frédéric Vincent.
De « nombreuses études » menées pour évaluer les effets à long terme des OGM sur la santé des animaux « n’ont jamais révélé d’effets toxiques », répond toutefois l’Association française des biotechnologies végétales (AFBV). Deux OGM sont actuellement cultivés dans l’UE : la pomme de terre Amflora mise au point par le groupe allemand BASF et le MON 810 de Monsanto. Plusieurs autres OGM, comme le NK 603, sont autorisés pour l’alimentation humaine et animale.
L’étude a coûté plus de 3 millions d’euros, financés notamment par la fondation Ceres et la fondation Charles Leopold Meyer pour le progrès pour l’homme. Les fonds ont été gérés par le Comité de recherche et d’information indépendantes sur le génie génétique (CRIIGEN). Elle doit s’accompagner, le 26 septembre, d’un film, « Tous cobayes », qui rend compte de cette expérience, ainsi que d’un livre chez Flammarion.
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