Effets à long terme du dénosumab

Les enseignements de FREEDOM

Publié le 07/12/2015
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L’extension à 10 ans de l’essai du FREEDOM a permis d’évaluer la sécurité d’utilisation du dénosumab et son effet sur la densité minérale osseuse (DMO) à long terme (1). Après la phase initiale contrôlée contre placebo de 3 ans, toutes les femmes ont reçu le dénosumab (60 mg tous les 6 mois) : 4 550 ont commencé cette phase d’extension, 2 212 ont été suivies 10 ans. L’incidence globale des événements indésirables est semblable à celle préalablement rapportée. Le gain de DMO se poursuit avec un gain cumulé par rapport à l’inclusion de 21,6 % au rachis lombaire et de 9,1 % à la hanche totale. Parallèlement, on note une diminution durable du remodelage et de la résorption osseuse. La prévalence annuelle des fractures vertébrales et non vertébrales reste basse.

La relation entre l’évolution de la DMO et le risque de fracture a été évaluée chez les 2 343 femmes traitées par dénosumab pendant 8 ans (2). Pendant tout le suivi, le T score de DMO de chaque femme a été estimé lors de chaque fracture non vertébrale. Le modèle des risques proportionnels de Cox a ensuite été utilisé pour corréler le T score lors du suivi de 8 ans avec les fractures non vertébrales incidentes. La corrélation entre T score et fractures incidentes, bien connue chez les femmes non traitées, est aussi observée chez des femmes traitées à long terme par dénosumab. Cela va dans le sens d’une « cible thérapeutique » densitométrique à atteindre pour protéger les femmes ostéoporotiques du risque de fracture. Atteindre un T score de DMO de -1,5, voire -1, est peut-être un objectif à atteindre pour nous guider vers des stratégies de traitement plus efficaces.

Concernant le relais après bisphosphonates qui fait toujours débat, Miller et al (3) ont comparé l’effet du dénosumab et de l’acide zolédronique en relais d’un bisphosphonate oral pris pendant 2 ans ou plus chez 643 femmes (âge moyen : 69 ans), ayant un T score moyen de DMO lombaire de -2,7. Les femmes sous dénosumab avaient un gain de DMO lombaire à 1 an de 3,2 % contre 1,1 % pour l’acide zolédronique et cette supériorité était significative à tous les sites de mesure. La diminution du taux des marqueurs de remodelage était aussi supérieure chez les femmes traitées par dénosumab : -63 % pour le C-télopeptide à 1 an contre 2 % avec l’acide zolédronique. Deux fractures atypiques ont été constatées dans le groupe dénosumab et une dans le groupe acide zolédronique, ce qui souligne la vigilance à avoir vis-à-vis de ce risque avec les traitements anti ostéoclastiques prolongés : le relais direct bisphosphonate-dénosumab ne semble pas plus sûr que la prolongation d’un traitement par bisphosphonate…

Hôpital Lariboisière, Paris

(1) Bone HG et al. Abstract LB-1157

(2) Ferrari S et al. Abstract 1146

(3) Miller P. et al Abstract SU0340

Pr Philippe Orcel

Source : Congrès spécialiste