Rhumatisme psoriasique périphérique

L’ixekizumab fait ses preuves

Publié le 07/12/2015
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Plus de répondeurs ACR 20, 50 et 70 dans le groupe traité

Plus de répondeurs ACR 20, 50 et 70 dans le groupe traité
Crédit photo : PHANIE

L’étude SPIRIT P1 a concerné un nouvel inhibiteur de l’interleukine 17, anticorps monoclonal anti IL-17 A, l’ixekizumab, dans le rhumatisme psoriasique périphérique. Les patients inclus devaient répondre aux critères Caspar de rhumatisme psoriasique (RPso), avoir une forme active de la maladie avec au moins trois articulations gonflées et trois articulations douloureuses, au moins une érosion radiographique sur les mains ou les pieds, ou une CRP supérieure à 6 mg/l. Ils devaient être naïfs de traitement biologique. Ces patients ont été randomisés entre deux bras ixekizumab à deux doses différentes (80 mg toutes les 2 semaines ou 80 mg toutes les 4 semaines), un bras placebo, et, originalité de cette étude, un bras contrôle actif avec comme traitement l’adalimumab aux doses de l’AMM. Il faut cependant préciser que le protocole de l’étude n’avait pas été conçu pour permettre une comparaison statistique entre les bras ixekizumab et le bras adalimumab.

417 patients ont été inclus dans l’étude; environ 55 % d’entre eux prenaient de façon concomitante du méthotrexate. Concernant le critère de réponse principal qui était la proportion de répondeurs ACR 20 à la semaine 24, on observait une différence significative entre le placebo (30 % de répondeurs) et chacun des deux groupes ixekizumab (respectivement 58 % et 62 %) ainsi qu’avec le groupe adalimumab (57 %). Des différences statistiquement significatives entre ces mêmes groupes ont été observées avec des critères plus stricts tels que l’ACR 50 et l’ACR 70 : pour l’ACR 70 par exemple, on enregistrait 34 % de répondeurs dans le groupe ixekizumab toutes les 2 semaines, 23 % dans le groupe ixekizumab toutes les 4 semaines, 26 % dans le groupe adalimumab et 6 % dans le groupe placebo. Il en était de même pour d’autres critères secondaires tels que le DAS 28 CRP, les enthésites, les dactylites, le HAQ-DI ; pour la CRP à 24 semaines, seuls les deux groupes ixekizumab présentaient une différence significative avec le placebo. Enfin, en terme de réponse cutanée, pour les patients qui avaient un psoriasis actif à l’inclusion, les trois bras de traitement actif obtenaient significativement plus de répondeurs que le bras placebo, avec en valeur absolue des différences importantes entre les bras ixekizumab et le bras adalimumab. Par exemple pour le critère de réponses PASI 100, c’est-à-dire le blanchiment total du psoriasis, les bras ixekizumab obtenaient 53 et 43 % de répondeurs, contre 24 % dans le groupe adalimumab, et 3 % dans le groupe placebo). La progression radiographique, était en moyenne (score mTSS) inférieure dans les trois bras actifs comparativement au placebo.

La tolérance est apparue tout à fait satisfaisante, sans événement inattendu, sur cette période de 24 semaines.

Au total, cette étude montre l’efficacité de l’ixekizumab, anti IL-17 A, dans le contrôle clinique et biologique des manifestations articulaires et cutanées du RPso, ainsi qu’un effet d’inhibition de la progression structurale. L’existence d’un bras adalimumab en plus du bras placebo permet de valider l’ensemble, puisque l’on retrouve bien la différence significative attendue sur les paramètres cliniques et radiographiques entre l’adalimumab et le placebo.

Commentaires du Pr Pascal Claudepierre

Ainsi, après les résultats obtenus avec le sécukinumab, présentés l’année dernière à l’ACR et publiés depuis dans le Lancet et dans le New England Journal of Medecine, il ne fait plus aucun doute que les anti IL-17 sont des médicaments réellement actifs dans le RPso. Les données d’extension à 1 an et à 2 ans pour l’une et l’autre étude avec le sécukinumab ont d’ailleurs été communiquées lors de ce congrès également, montrant le maintien de l’efficacité au cours du temps, tant d’un point de vue « rhumatologique » que cutané avec une absence de nouveau signal en terme de tolérance. Les données de tolérance sont évidemment très attendues au cours du temps et avec l’augmentation du nombre de patients traités, avec une classe médicamenteuse nouvelle. Ont donc été rapportés à un an quelques cas de candidose muqueuse sans gravité, une maladie de crohn de novo, une uvéite antérieure, pour les domaines particulièrement surveillés (en dehors des effets infectieux ou tumoraux comme avec tout traitement biologique). Ainsi, après l’AMM obtenue avec le sécukinumab dans le psoriasis, nos collègues dermatologues vont probablement bientôt pouvoir traiter leurs premiers patients avec le Cosentyx* (sécukinumab). L’ensemble de ces données laisse espérer que les rhumatologues pourront également disposer de cette nouvelle classe médicamenteuse dans la prise en charge du RPso, en rappelant qu’ils ont démontré (pour le sécukinumab pour le moment) leur efficacité à la fois chez les patients naïfs de biologique et chez les patients en échec d’un traitement anti TNF Alpha.

Hôpital Henri Mondor Créteil

Mease PJ et al. Abstract 977

Gottlieb AB et al. Abstract 2145

Pr Pascal Claudepierre

Source : Congrès spécialiste