« Dans le cadre d’une action de Développement professionnel continu (DPC) promue par l'Association confédérale pour la formation médicale (ACFM), nous avons réalisé un audit sur l’hygiène au cabinet médical, en se basant sur le référentiel de la Haute Autorité de santé de 2007 et celui de la Société française d'hygiène hospitalière (SF2H) de novembre 2015 », a rapporté le Dr Bernard Ortolan. L'audit, qui a porté sur16 items, a été suivi d’une webconférence de deux heures avec un expert, pour discuter des résultats, puis d’un questionnaire.
Au total, 93 médecins généralistes ont participé à cet audit au cours des années 2014 et 2015. Deux-tiers d’entre eux avaient rapporté avoir des pratiques non optimales dans ce domaine. Un sentiment corroboré par les résultats, qui montrent par exemple que 33 % des médecins utilisent encore le poupinel pour la stérilisation du matériel thermostable et seulement un quart un autoclave. Pour le matériel non thermostable, ils ne sont que 37 % à suivre les recommandations qui préconisent le brossage en premier.
La quasi-totalité des praticiens (99 %) estiment que l’hygiène des mains est un facteur majeur de prévention des infections. Un point d’eau est présent dans 86 % des cabinets médicaux, le séchage des mains se fait avec un système à usage unique dans 77 % des cas et 88 % des médecins utilisent en plus un soluté hydro-alcoolique. Toutefois, ces solutés restent sous-utilisés : la consommation moyenne est de 145 ml/semaine, alors que théoriquement elle devrait être de 600 ml/semaine (une friction de 3 ml avant et après chaque patient, 98 patients vus par semaine en moyenne par les praticiens). Un tiers des médecins ne se lavent pas les mains entre deux patients, et 37 % ne le font pas après avoir enlevé les gants.
Presque tous (99 %) ont un collecteur d’objets tranchants et, en cas d’exposition au sang, 72 % disposent d’antiseptiques. Cependant, deux fois sur trois, la date d’ouverture du produit n’est pas précisée. Enfin, 80 % des praticiens connaissent le protocole de prévention des infections associées aux soins pour la pratique de gestes invasifs, mais seuls 28 % ont lu les recommandations de la HAS.
Le questionnaire réalisé deux mois après la webconférence a souligné l’impact positif de cet audit sur les pratiques, pour 93 % des médecins interrogés. «Cette action de DPC a permis de mettre en évidence la discordance entre les référentiels et les pratiques et globalement une sous-évaluation du risque infectieux, données qui sont comparables à celles d’une enquête de la Direction générale de l'offre de soins (DGOS) publiée en 2015 », a indiqué le Dr Ortolan. La DGOS a publié une instruction (Programme national d'actions de prévention des infections liées aux soins, PROPIAS) avec trois principaux axes : développer la prévention des infections liées aux soins, renforcer la maîtrise de l’antibiorésistance et réduire le risque d’infections liées aux actes invasifs.
D'après la communication du Dr Bernard Ortolan, ACFM. Prévention des infections associées aux soins de ville
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