ELLE A la dénomination et l’apparence d’une cigarette, mais elle ne contient pas de tabac : la cigarette électronique est constituée d’une résistance et d’une cartouche renfermant un liquide (« e-liquide ») composé de propylène glycol additionné d’arômes divers (fruits, tabac…) et, éventuellement, d’une dose de nicotine. Chauffée par la résistance, l’e-liquide produit une vapeur que l’utilisateur peut inhaler et expirer, les habitués disent « vapoter ».
La cigarette électronique a été lancée initialement comme un produit d’arrêt du tabac pour les gros fumeurs, sans pouvoir toutefois revendiquer le statut de médicament, faute d’études positives d’efficacité ; elle ne peut donc en aucun cas être vendue en pharmacie. Elle a ensuite été présentée comme un moyen de fumer là où ce n’est pas autorisé. Mais l’IATA (International Air Transport Association) préconise désormais d’en interdire l’usage dans les avions. Air France applique cette interdiction depuis septembre 2012 ; en revanche, Ryan air vend des cigarettes électroniques à bord (beaucoup plus cher qu’à terre).
La cigarette électronique est aujourd’hui promue comme une façon de fumer autrement… et à un moindre coût (240 bouffées pour moins de 6 euros). Du fait des prix bas pratiqués depuis 2011, elle est devenue un produit d’initiation au tabac.
L’enquête Paris sans tabac 2012 indique ainsi que les trois quarts des adolescents de 12-15 ans qui l’ont essayé n’avaient jamais fumé de « vraie » cigarette auparavant.
Les études sur l’efficacité de la cigarette électronique sont rares. Ainsi, en l’absence de données sur le rapport bénéfices/risques et considérant que la cigarette électronique peut induire une dépendance, l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) recommande de ne pas l’utiliser.
En attendant que des études, qu’il est urgent de mener, permettent de se prononcer plus précisément sur son intérêt, la cigarette électronique, plaide le Pr Dautzenberg, doit être considérée comme un produit du tabac, en se référant à l’article 564 du code général des impôts selon lequel sont assimilés aux tabacs manufacturés les cigarettes et produits à fumer, même s’ils ne contiennent pas de tabac. Cela permettrait de contrôler les produits, d’y associer des avertissements sanitaires, d’en réglementer la distribution, d’interdire la publicité et la vente aux mineurs.
En pratique, le médecin sollicité sur ce sujet doit informer son patient du manque de données disponibles sur l’efficacité de la cigarette électronique, s’abstenir de la recommander, sans toutefois l’interdire à ceux qui l’utilisent déjà et qui y trouvent une aide au sevrage tabagique plus efficace que d’autres méthodes déjà essayées. Dans ce cas l’objectif est l’arrêt du tabac non celui du « vapotage ».
Entretien avec le Pr Bertrand Dautzenberg (La Pitié-Salpêtrière, Paris)
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