OPTIMISER la réussite du sevrage tabagique des patients VIH fumeurs, par la mise en place d’un programme original de collaboration entre les services de tabacologie et de maladies Infectieuses du CHU de Caen, telle est l’ambition du programme TASMI *.
Le tabagisme est un surrisque majeur chez les patients VIH, non seulement sur le plan immunitaire mais également cardio-vasculaire et en matière de cancer. Depuis une dizaine d’années, on voit une très nette diminution des décès liés à un événement imputable directement au Sida mais une forte augmentation des décès liés aux cancers non-classants Sida (11 % en 2000 ; 22 % en 2010), et une hausse plus modérée des causes cardio-vasculaires (7 % en 2000 ; 8 % en 2005 et 10 % en 2010). Ces résultats sont observés dans tous les pays développés utilisant les traitements antirétroviraux.
« Le tabagisme est un facteur de risque qui n’est pas facile à modifier chez le patient VIH, surtout quand il existe un environnement précaire, souligne le Dr Béatrice Le Maitre. Le degré de dépendance est souvent plus élevé que dans la population générale et le coût des traitements d’aide au sevrage un réel frein. Le patient VIH fumeur doit être aidé par une prise en charge tabacologique spécifique. C’est pourquoi nous avons mis en place à Caen, depuis février 2012, le programme TASMI (TAbacologie Service des Maladies Infectieuses) ».
Ce programme repose sur l’implication de tous les personnels de la consultation du service de maladies infectieuses (secrétaire, infirmier diplômé d’état, technicien d’étude clinique, médecin). Il porte sur l’information sur le « mélange explosif » tabac + VIH, la réalisation d’auto-questionnaires avant la consultation, l’appel direct par le service de tabacologie, après accord du patient, dans les trois semaines. Une mise à disposition gratuite des traitements d’aide à l’arrêt (substituts nicotiniques ou varénicline) complète le dispositif. La même prise en charge est proposée au conjoint et les frais de déplacement sont pris en charge pour les patients éloignés.
Parallèlement, les patients VIH, qu’ils aient ou non accepté ce programme, bénéficient d’informations sur le tabagisme et d’une évaluation structurée (CO expiré, score de tabagisme et score d’anxiété-dépression) à chaque consultation. Aujourd’hui, 50 % des patients fumeurs ont accepté le suivi. La file active comprend plus de 140 patients fumeurs. 64 ont, d’ores et déjà, arrêté de fumer et continuent à être suivis, 33 sont en cours d’arrêt. « Il est intéressant de constater que l’information circule et que des patients qui avaient refusé le suivi arrêtent de fumer, observe le Dr Le Maitre. Il faut dire que les patients sevrés se portent mieux rapidement, sont moins fatigués et acquièrent une autre image d’eux-mêmes, plus valorisante intellectuellement et physiquement ».
Entretien avec le Dr Béatrice Le Maitre (unité de coordination de tabacologie, CHU de Caen) et le Pr Renaud Vernon (service de maladies infectieuses et tropicales, CHU de Caen).
*Le Maître B et coll. Protocole de prise en charge des fumeurs VIH au CHU de Caen : étude TASMI.
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