L’ÉTUDE menée par M-J Saurel-Cubizolles et son équipe avait pour objectifs d’estimer la fréquence du tabagisme pendant la grossesse, décrire les caractéristiques des femmes fumeuses et déterminer l’impact de ce tabagisme sur l’issue de la grossesse. L’analyse a été réalisée à partir des données de l’enquête nationale périnatale 2010 ; elle a procédé par interrogatoire des futures mères et analyse des dossiers médicaux, et a porté sur 14 022 femmes ayant accouché en métropole d’un enfant vivant. Le taux de femmes fumeuses jusqu’au terme de la grossesse était de 17 % en 2010 (9 % en 1972, 25 % en 1998, 21 % en 2003). Cette diminution tient à l’augmentation du pourcentage de femmes qui arrêtent de fumer pendant la grossesse : 43 % en 2010 contre 36 % en 1995 et à la proportion moindre de femmes fumeuses avant la grossesse.
Les femmes qui fument pendant la grossesse sont plus souvent des femmes jeunes, vivant seules plutôt qu’en couple, ayant une parité élevée (26 % de fumeuses avec quatre enfants ou plus), et un niveau d’études et de revenus faible. En parallèle, les femmes qui travaillent et qui ont un niveau d’études et de revenus élevés sont plus nombreuses à arrêter de fumer pendant la grossesse.
On sait que le tabagisme pendant la grossesse est une cause majeure de morbidité néonatale et en particulier d’hypotrophie. Dans cette enquête, le taux d’hypotrophie était de 19 % chez les enfants de femmes fumant plus de 15 cigarettes par jour contre 6 % chez les enfants de non fumeuses. Le taux de prématurité était légèrement augmenté, atteignant 11 % chez les enfants de femmes fumant plus de 15 cigarettes par jour.
Après prise en compte des autres facteurs de risque -âge, parité, situation sociale…- il persiste un léger sur risque de prématurité pour les nouveau-nés de femmes fumant plus de 15 cigarettes par jour. Pour l’hypotrophie, l’odds ratio ajusté associé à la consommation de tabac est de 1,9 pour les femmes qui fument entre 1 et 4 cigarettes par jour, 3 entre 10 et 14 cigarettes et 3,7 pour 15 cigarettes quotidiennes ou plus, comparé au risque des femmes ne fumant pas au troisième trimestre de la grossesse.
À noter qu’il existe certainement une sous-déclaration du tabagisme pendant la grossesse qui aboutit, si cette sous-déclaration est non différentielle, à une sous-estimation des associations entre le tabagisme et l’issue de la grossesse. Le risque néonatal lié au tabac est donc probablement sous-estimé.
En dépit d’une évolution encourageante, des actions de prévention doivent être poursuivies pour inciter les femmes à réduire ou cesser leur consommation de tabac durant la grossesse et les encourager à ne pas reprendre après la naissance de l’enfant.
Entretien avec Marie-Josèphe Saurel-Cubizolles (Inserm U 953, université Paris VI, Paris)
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