PARTOUT DANS LE MONDE, on estime que 3 % des cancers du côlon relèvent d’un syndrome de Lynch. Comme sa transmission se fait sur un mode autosomique dominant, 50 % de la descendance est concernée. Un parent au moins l’est également ainsi que certains membres de la fratrie et des apparentés au premier degré. C’est pourquoi il est important de penser à ce syndrome et de demander au malade de prévenir ses proches, afin qu’ils se fassent dépister.
Des risques de cancer accrus.
En cas de syndrome de Lynch, le risque cumulé de cancer à l’âge de 70 ans est d’environ 50 %. Celui du cancer du côlon est particulièrement important : de l’ordre de 40 % pour un homme et de 30 % pour une femme. S’y ajoutent d’autres risques : celui de cancer de l’endomètre (30 %), de l’ovaire (8 %), de l’estomac, des voies urinaires excrétrices, de l’intestin grêle, des voies biliaires, etc. « C’est pourquoi lorsque l’histoire familiale laisse penser qu’il pourrait s’agir d’un syndrome de Lynch, il est important de réaliser une étude immuno-histochimique sur la tumeur du patient concerné à la recherche d’une perte d’expression des protéines des gènes MLH1, MSH2 (80 % des cas), MSH6 ou PMS2, et une analyse de biologie moléculaire à la recherche d’une instabilité des microsatellites. En cas d’analyse somatique en faveur d’un syndrome de Lynch, un test génétique à la recherche de la mutation est demandé par l’oncogénéticien, qui confirme le syndrome de Lynch dans la majorité des cas » souligne le Dr Samaha. Les membres de la famille susceptibles d’être atteints sont alors invités à réaliser un dépistage (après l’âge de 18 ans). Problème : si des tensions familiales existent et que le malade ne souhaite pas prévenir les siens, le médecin est dans l’impossibilité de le faire à sa place (il est tenu au secret professionnel), ce qui pose un problème éthique.
Surveillance rapprochée.
Aussitôt le syndrome de Lynch diagnostiqué, des recommandations de surveillance sont établies. Ainsi, comme dans le réseau GPCOSAT (HEGP, Cochin, Saint-Antoine), l’un des sept centres pilotes de suivi en France, sous l’égide de l’INCa, le patient bénéficie d’un plan personnalisé de suivi avec relance par courrier si besoin pour la réalisation des différents examens. Il est ensuite revu systématiquement avec ses résultats. Il bénéficie ainsi d’une coloscopie tous les deux ans dès l’âge de 20 ans. Elle doit se faire obligatoirement avec une coloration à l’indigo carmin, qui améliore la détection des polypes plans, typiques du syndrome de Lynch. Une endoscopie œsogastroduodénale (avec recherche d’Helicobacter pylori) est également recommandée. Une surveillance gynécologique annuelle avec biopsies de l’endomètre et échographie pelvienne est préconisée à partir de l’âge de 30 ans, ainsi qu’une numération formule sanguine annuelle à la recherche d’une anémie. Éventuellement, une vidéocapsule endoscopique et une IRM ciblée de l’intestin grêle, une échographie annuelle de la vessie et une analyse urinaire, font encore partie des examens préconisés en cas d’anémie inexpliquée ou chez certaines familles à risque. « Cette surveillance doit être multidisciplinaire, avec participation des gastro-entérologues, gynécologues, oncogénéticiens, chirurgiens, anatomopathologistes, etc. Un soutien psychologique est également proposé au malade car le suivi est assez lourd. Enfin, après la fin d’un projet parental, une femme atteinte du syndrome de Lynch se voit volontiers proposer une hystérectomie totale avec ovariectomie bilatérale prophylactique. Quant à la chirurgie du côlon, elle n’est pas réalisée systématiquement à titre préventif mais en cas de cancer détecté, une colectomie subtotale (résection de la majeure partie du colon) sera proposée » conclut le Dr Samaha.
Hôpital européen Georges-Pompidou.
*Le Dr Elia Samaha n’a déclaré aucun lien d’intérêt
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