Délire d’infestation

Vivre avec le mieux possible

Publié le 16/01/2014
Article réservé aux abonnés
1389838493488396_IMG_120066_HR.jpg

1389838493488396_IMG_120066_HR.jpg
Crédit photo : PHANIE

Le délire d’infestation cutanée primaire ou syndrome d’Ekbom n’est pas une parasitophobie ; c’est un délire qui se traduit par une plainte dermatologique. Comme dans tout délire le rapport à la réalité est perturbé. Le patient est persuadé d’être infesté par de petits agents pathogènes vivants, sources de manifestations à type de prurit, de fourmillements de démangeaisons. Ce délire de type paranoïaque (à la différence du délire paranoïde) peut amener l’entourage à partager les convictions du patient.

Le syndrome d’Ekbom n’envahit pas tout le psychisme de l’individu, il reste limité à la peau et aux parasites. Il est monothématique. Il atteint plus souvent la femme (ratio : 2,5/1) d’une soixantaine d’années, isolée, sans antécédent psychiatrique mais avec parfois une personnalité marquée par un repli sur soi, une tendance dépressive, une susceptibilité, des penchants obsessionnels. Un élément déclenchant précède souvent l’entrée dans le syndrome : perte d’un proche, cessation d’activité, déménagement, maladie, contact réel avec un objet infectieux. Le syndrome s’installe de manière progressive et gagne peu à peu en conviction.

Le délire d’infestation peut, pendant un certain temps, coexister avec une vie sociale d’assez bonne qualité mais progressivement l’individu s’isole, les rémissions sont transitoires.

Devant un tel tableau, il faut écouter la plainte, ne pas la nier mais ne pas adhérer. Même si le diagnostic est évident, il faut examiner soigneusement le patient et être prudent dans la réalisation de gestes médicaux invasifs qui pourraient alimenter le délire. Le patient ne doit pas être d’emblée orienté vers le psychiatre ; il peut l’être dans un second temps en prétextant le retentissement dépressif. Il faut rester modeste, ne pas vouloir à tout prix faire disparaître le délire, mais maintenir un lien avec le patient de telle façon qu’il puisse continuer à vivre avec son délire. À noter que le traitement psychotrope est mieux suivi s’il est prescrit par le dermatologue.

Communications des Drs Feton-Danou (Gisors), M.Chastaing (Brest) et du Pr L. Misery (Brest).

 Dr B. M.

Source : Le Quotidien du Médecin: 9293