« LA MISE EN PLACE d’une oxygénothérapie de longue durée impose la réalisation préalable d’examens complémentaires, notamment des gaz du sang chez un patient en état stable », rappelle le Dr Bruno Stach. L’oxygénothérapie doit être prescrite pour une durée quotidienne d’au moins quinze heures. Ses bénéfices sur la mortalité sont démontrés chez les patients atteints d’une bronchopneumopathie chronique obstructive (BPCO) avec hypoxémie sévère (PaO2 de 55 ou 60 mmHg selon les publications). Par extension des résultats observés dans la BPCO, l’oxygénothérapie de longue durée est également indiquée dans les autres causes d’insuffisance respiratoire, telles que la mucoviscidose, les pneumopathies interstitielles ou l’hypertension artérielle pulmonaire. « L’oxygène est un médicament, dont la prescription en chronique nécessite de bien connaître le patient, afin de ne pas aggraver une hypercapnie », insiste le Dr Stach.
En pratique, quatre grands acteurs sont impliquées dans l’oxygénothérapie de longue durée : le patient, le spécialiste prescripteur - le plus souvent un pneumologue ou un pédiatre -, le prestataire de service et le médecin généraliste.
Le prestataire n’est pas imposé, mais est choisi par le médecin prescripteur avec l’accord du malade. Il est responsable de la fourniture, de l’installation et de la surveillance du matériel, ainsi que de la formation de la famille.
Le généraliste peut être amené, avec l’accord du prescripteur, à modifier le débit d’oxygène, qui, chez un patient stable, varie selon la gravité de l’insuffisance respiratoire de 1 L/mn à 9 L/mn.
Des concentrateurs.
Le patient, selon la sévérité, est revu par le prescripteur de tous les trois mois à une fois par an, le forfait devant être obligatoirement renouvelé chaque année. « L’oxygène gazeux, imposant de lourdes bonbonnes et potentiellement dangereux, a été largement délaissé au profit de concentrateurs, avec ou sans pression, qui extraient l’oxygène de l’air, ou d’oxygène liquide, adapté aux débits élevés ou à la déambulation », note le Dr Stach. Pour les déplacements, un appareillage différent est nécessaire. L’oxygénothérapie de déambulation n’est proposée qu’à certains patients, en fonction des résultats d’un test de marche.
Un nouveau forfait vient de voir le jour : l’oxygénothérapie de déambulation exclusive, qui correspond à l’administration d’oxygène uniquement lors des déplacements. Elle vise à réduire l’essoufflement des patients ayant une désaturation à l’effort.
De façon transitoire.
L’oxygénothérapie de courte durée, qui répond à un besoin transitoire en oxygène pour un problème aigu, peut être prescrite par tout médecin. La prescription initiale est d’un mois renouvelable deux fois, le patient se fournit directement dans une pharmacie. Au-delà de trois mois, il s’agit d’une oxygénothérapie de longue durée : un bilan est nécessaire et un avis spécialisé est sollicité.
Enfin, dans un contexte de soins palliatifs, l’oxygénothérapie, de confort, peut également être prescrite par tout médecin, pour une durée de 3 mois ; le renouvellement doit être fait par un spécialiste.
D’après un entretien avec le Dr Bruno Stach, pneumologue, Valenciennes, secrétaire adjoint de la fédération française de pneumologie.
Référence : Haute Autorité de Santé. Oxygénothérapie à domicile. Dispositifs médicaux et prestations associées pour traitement de l’insuffisance respiratoire et de l’apnée du sommeil. Révision de catégories homogènes de dispositifs médicaux. Saint Denis La Plaine: HAS; 2012.
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