Prévention des infections à pneumocoque

À l'heure de l'obligation vaccinale

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Publié le 30/04/2018
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otite

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Crédit photo : PHANIE

L’extension de l’obligation vaccinale à onze vaccins représente dix injections pour les enfants, étalées sur deux ans. Elle a été adoptée entre autres pour éviter la chute des couvertures vaccinales, car la vaccination fait l’objet d’une défiance croissante de la part du grand public, comme l’attestent les Baromètres santé successifs. Les couvertures vaccinales contre la rougeole et les infections à méningocoque C restent insuffisantes. Résultat, les épidémies de rougeole persistent. Depuis 2008, il y a eu 20 décès dus à la rougeole, et, du 6 novembre 2017 au 12 mars 2018, 913 cas ont été déclarés, dont un s’est soldé par un décès.

Responsabilité du médecin

Aujourd’hui, dès lors que les enfants (nés à compter du 1er janvier 2018) rentrent en collectivité, ils doivent être à jour de leurs vaccins. Quant au médecin, il a l’obligation éthique de vaincre les réticences des parents. S’il était prouvé qu’il ne l’a pas remplie avec suffisamment de conviction, une telle négligence serait considérée comme une faute de nature à engager sa responsabilité. En pratique, il faut être en mesure de démontrer que l’information sur l’obligation vaccinale a été communiquée ; mentionner clairement le refus parental dans le carnet de santé et le dossier médical de l’enfant (préciser qu’un dialogue a été instauré) ; idéalement, en faire signer une attestation de refus par les parents.

« Il n’y a aucun vaccin supplémentaire, tempère la Dr Marie-Aliette Dommergues-Cohen (Le Chesnay). Nous continuerons à expliquer et à vacciner comme avant. Notre objectif n’a jamais été d’appliquer seulement la loi, mais de protéger au mieux les enfants. Mais cela va quand même changer beaucoup de choses, car il y a enfin un message fort du pouvoir basé sur la science et non sur les rumeurs pour soutenir notre communication avec nos patients. »

Baisse de l'antibiothérapie

Le pneumocoque est responsable de nombreuses infections, allant de la plus bénigne à la plus grave (OMA, pneumonies, bactériémies et méningites). Il existe plus de 95 sérotypes, tous pouvant (à des degrés variables) donner des pathologies invasives. Les sérotypes du vaccin conjugué 13-valent (PCV 13) couvrent la grande majorité des méningites de l’enfant de 6 à 24 mois. Ainsi, après l’introduction du vaccin, il y a eu une diminution de 44 % des méningites à pneumocoque entre 2009 et 2014.

Dans une étude observationnelle multicentrique menée en France, une diminution de 16 % des cas de pneumonie communautaire (PC) a été observée après l’introduction du vaccin Prevenar 13 dans les services d’urgence chez les enfants âgés de 1 mois à 15 ans. La diminution était de 53 % pour les cas de PC avec épanchement pleural, et de 63 % pour les cas de PC à pneumocoque confirmés par l’examen microbiologique.

De même, depuis l’introduction de Prevenar (7-valent) et par la suite de Prevenar 13, les études ont montré une diminution significative du nombre d’otites moyennes aiguës (OMA), du nombre de paracentèses et une baisse de la consommation d’antibiotiques. « La vaccination antipneumococcique conjuguée a entraîné, de plus, une diminution de la résistance aux antibiotiques dans ces pathologies », a souligné le Dr Corinne Levy (Saint-Maur-des-Fossés).

Symposium organisé par Pfizer

Christine Fallet

Source : Le Quotidien du médecin: 9661