Maladies rares

Des réflexes pour réduire l’errance diagnostique

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Publié le 30/04/2018
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Crédit photo : DR

Une maladie est dite rare lorsqu’elle concerne moins d’une personne sur 2 000. Pour 60 % de ces pathologies, on dénombre moins de 5 patients. Mais les maladies rares sont nombreuses, environ 6 000, et au total touchent de 3 à 4 millions de personnes, soit 4,5 % de la population en France. Huit fois sur dix, ces maladies sont d’origine génétique, et un test génétique est disponible pour environ 3 600 d’entre elles.

« Leur reconnaissance et leur prise en charge sont donc un enjeu de santé publique, et la France dans ce domaine est un pays pionnier », a rappelé le Dr Janine-Sophie Giraudet (Paris). À côté des 387 centres experts labellisés « centres de référence maladies rares », 1 845 centres de compétences offrent un maillage de proximité. Et les 23 filières de santé maladies rares permettent la coordination entre les différents acteurs.

Les médecins généralistes jouent bien sûr un rôle clé dans la reconnaissance de ces maladies, qui débutent souvent tôt dans la vie. Il se passe en moyenne quatre ans entre les premiers symptômes et le diagnostic, un délai qui peut être réduit en étant en alerte, en se référant aux données répertoriées sur le site Orphanet, portail de référence créé en 1997, puis en orientant le patient vers un centre expert.

L’exemple de la maladie de Gaucher

La maladie de Gaucher, de transmission autosomique récessive, est la plus fréquente des maladies lysosomales. Son incidence est estimée à 1 pour 50 000, beaucoup plus élevée dans certaines populations. Elle est provoquée par le déficit d’activité d’une enzyme lysosomale, la glucocérébrosidase, qui entraîne une accumulation de glucocérébroside dans les macrophages tissulaires, responsable d’une atteinte multisystémique (hématologique, viscérale et osseuse) d’évolution imprévisible. Trois phénotypes sont distingués, le type 1, non neuropathique, étant largement le plus fréquent (95 % des cas).

Selon les données du registre français, en 2015, 613 patients ont été enregistrés depuis 1980, soit une incidence médiane de 15 patients par an. L’âge médian au diagnostic était de 23 ans, celui des premiers symptômes de 16 ans. Le génotypage a été réalisé dans 60 % des cas.

Parmi les 505 patients vivants, d’un âge médian de 47 ans, plus de la moitié (281) sont traités. Au cours de l’évolution, 29 % des patients ont présenté au moins un événement osseux, 12 % ont un pic monoclonal, et 3,7 % un syndrome parkinsonien.

Au moment du diagnostic, 36 % avaient une anémie, leur taux de plaquettes était compris entre 60 000 et 120 000/mm3 pour 45 % d’entre eux, inférieur à 60 000/mm3 pour 15 %, et la majorité présentait une franche splénomégalie. Les manifestations osseuses étaient très fréquentes, avec des douleurs dans deux tiers des cas et des anomalies radiographiques dans 96 % des cas.

Il s’agit d’une maladie rare, mais il faut y penser face à des signes d’appels hématologiques (splénomégalie, anémie, thrombopénie) et osseux (douleurs et/ou crises osseuses, ostéopénie/ostéoporose, infarctus osseux, ostéonécrose). Le diagnostic de certitude se fonde sur le dosage de l’activité enzymatique de la bêta-glucocérébrosidase leucocytaire. Sa prise en charge est parfaitement codifiée, et doit être coordonnée par un centre de référence, en s’appuyant sur les recommandations du protocole national de diagnostic et de soins (PNDS).

« Un diagnostic précoce et une prise en charge appropriée permettent de prévenir les complications irréversibles, en particulier osseuses », a conclu la Dr Vanessa Leguy-Seguin (Dijon).

Symposium organisé par Sanofi Genzyme, communications des Drs Janine-Sophie Giraudet (Paris) et Vanessa Leguy-Seguin (Dijon)

Dr Isabelle Hoppenot

Source : Le Quotidien du médecin: 9661