Un plan d’action pour la rénovation du dépistage organisé du cancer du sein a été élaboré en avril 2017 par l’Institut national du cancer (INCa), après la remise du rapport du comité d’orientation de la concertation citoyenne et scientifique lancée en 2015.
Ce rapport prévoyait l’intégration des stratégies de dépistage du cancer du sein dans une démarche plus globale de prévention, par la mise en place d’une consultation dédiée. Cette prise en compte de la personne dans son ensemble permettrait un suivi plus adapté à chacune. « Une des recommandations était que cette consultation dédiée, avant 40 ans, devrait porter sur les trois cancers pour lesquels il existe des stratégies de dépistage : le sein, le côlon et le col de l’utérus », a expliqué en préambule Sandrine de Montgolfier (université Paris-Est Créteil Val-de-Marne).
De façon plus générale, l’information de la population et des professionnels de santé sur les cancers évitables doit être améliorée. Un tiers des Français pense encore qu’on ne peut rien faire pour éviter le cancer !
Informer sur les risques du tabac
Sur les 355 000 cancers diagnostiqués chaque année en France, plus de 140 000 seraient liés à des facteurs de risque évitables. La prévention constitue donc un moyen d’agir essentiel. Le tabac est à l’origine du plus grand nombre de cancers, loin devant tous les autres ; il s’agit donc du premier facteur de risque évitable. « Chez la femme, le tabac augmente le risque de 17 localisations de cancer. Il est responsable de 15 000 cancers par an, dont 7 200 du poumon, 2 400 du sein et 1 300 des voies aérodigestives supérieures (bouche, pharynx) », a déclaré Antoine Deutsch, de l’INCa. Les cancers du poumon sont en hausse de 4 % par an depuis trente ans, et la tranche d’âge la plus touchée est celle des femmes entre 25 et 34 ans. Mais il existe une mise à distance du risque du tabac chez les petites fumeuses, alors que c’est la durée du tabagisme qui compte. Par ailleurs, 70 % des Français pensent que la pollution provoque autant de cancers que le tabac.
Il est donc essentiel d’informer sur les bénéfices de l’arrêt, inversement proportionnels à l’âge. Un fumeur à 80 % de chance d’arrêter s’il reçoit l’aide d’un professionnel de santé (forfait de remboursement des substituts nicotiniques de 150 euros par an). La démarche à intégrer à sa pratique est simple et efficace. Elle se décline en trois étapes : recueillir systématiquement le statut tabagique et l’inscrire dans le dossier, délivrer un conseil d’arrêt clair et personnalisé, et déclencher un accompagnement au sevrage.
Alcool et sein : un risque méconnu
Quant à l’alcool, il est responsable de 12 000 cancers chaque année chez les femmes, dont 8 100 cancers du sein et 2 100 cancers colorectaux. Ce lien entre alcool et cancer du sein est méconnu, et plus de 67 % des Français pensent que la pollution provoque plus de cancers que l’alcool.
Les autres causes évitables de cancer du sein sont le surpoids, l’obésité et le traitement hormonal : la diminution des traitements hormonaux de la ménopause en France devrait prévenir un nombre important de cas de cancers dans les prochaines années. « Il est important de s’appuyer sur ces résultats pour développer un outil de prévention ciblé pour la consultation des femmes de 25 ans dans le cadre du programme de rénovation du dépistage du cancer du sein », a conclu Antoine Deutsch.
Un plan d’action par tranche d’âges
Un constat s’impose : le taux de participation au dépistage gratuit du cancer du sein pour les femmes de 50 à 74 ans (mammographie tous les deux ans) est en baisse. Il était de 50,7 % en 2016 – l’objectif était de 70 %. Parmi les raisons de cette baisse, plusieurs hypothèses sont avancées, notamment l’effet de la polémique sur l’efficacité de ce dépistage.
Le plan d’action pour l’amélioration du programme de dépistage du cancer du sein de l’INCa propose ainsi à toutes les femmes, quels que soient leur âge et leur niveau de risque, un suivi personnalisé, mieux coordonné et impliquant davantage le médecin traitant.
À 50 ans, chaque femme sera invitée à consulter son médecin traitant ou son gynécologue pour un temps d’accompagnement dédié lors d’une consultation qui abordera le dépistage du cancer du sein (facteurs de risque, antécédents…), le dépistage et la détection précoce d’autres cancers (colorectal, col de l’utérus) et les éléments de prévention primaire pertinents. À 25 ans, une consultation dédiée, prise en charge à 100 %, sera proposée à chaque femme. Par ailleurs, de façon personnalisée, en fonction de son niveau de risque de survenue d’un cancer du sein, chaque femme entre 25 et 50 ans sera informée de la modalité adaptée de dépistage ou de suivi. Enfin, une vigilance et un suivi personnalisé seront instaurés pour les femmes à partir de 75 ans. Mais de nombreuses questions se posent encore à l’heure actuelle concernant l’organisation de ce dépistage : Comment communiquer sur l’existence de ces temps dédiés ? Quel suivi a posteriori ? Quelle articulation avec les actions d’éducation thérapeutique ?
Session « Consultation à 25 et 50 ans : intégration dans une démarche de prévention et de dépistage personnalisée » coorganisée avec l’INCa, avec Sandrine de Montgolfier (université Paris-Est), Nathalie Catajar (INCa), Antoine Deutsch (INCa), le Dr Éric Drahi (Saint-Jean-de-Braye, CMG)
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