Alors que le Premier ministre Jean Castex présente ces 16 et 17 décembre la stratégie vaccinale du gouvernement au Parlement (présentation suivie d'un débat sans vote), la Haute Autorité de santé (HAS) insiste sur l'importance de la transparence de l'information et de la simplicité d'un parcours vaccinal au plus proche des personnes, à la lumière des conclusions de la consultation publique dont elle livre une synthèse.
Dans le cadre de ses travaux sur la stratégie de vaccination contre le SARS-CoV-2, la HAS a en effet soumis à consultation publique, auprès des acteurs de la vaccination, entre le 9 et le 30 novembre, son projet de recommandations intermédiaires sur la campagne de vaccination, et plus précisément, sur les modalités d’organisation et les principes de l’information du public. L'objectif est double : adapter si besoin les propositions des recommandations, et surtout, maximiser leur acceptabilité par le plus grand nombre.
86 contributions, plutôt favorables
La HAS a recueilli 86 contributions de la part d'associations de patients et d’usagers du système de santé et du secteur social (une vingtaine), de sociétés savantes, de collèges et d'Ordres professionnels, de syndicats, d'institutions ou encore d'établissements, etc. Parmi elles, 67 sont publiées.
« À l’exception de quelques contributions en désaccord avec les recommandations, voire avec la vaccination contre la Covid-19, les avis recueillis sont largement positifs et confortent les recommandations proposées », se réjouit la HAS.
Rejet de l'obligation vaccinale
Les acteurs sollicités s'accordent pour réclamer une communication transparente, accessible et réactive, qu’elle se fasse par le biais d’un site unique et national ou de manière plus locale. Ils plébiscitent l'implication des usagers et rejettent en bloc l'idée d'une obligation vaccinale, par crainte d'alimenter de potentielles réticences.
Les retours des acteurs de la vaccination ont conduit la HAS à enrichir ses recommandations concernant la nécessité de fournir une information claire et transparente à la population et aux professionnels de santé, clé de toute confiance. Ainsi, la HAS préconise de rendre publiques les données scientifiques disponibles au sujet des conditions de fabrication, de l’efficacité et de la sécurité des vaccins, avant mais aussi après leur mise sur le marché. Les professionnels de santé devraient, eux, recevoir « une information claire, précise et mise à jour dès que nécessaire au sujet de l’évolution de l’épidémie, de la stratégie vaccinale, des connaissances sur les bénéfices et les risques de la vaccination et de chaque vaccin, etc. ». Cela sera d'autant plus important que les premiers vaccins qui devraient arriver sur le marché ont une forte réactogénicité, et pourraient donner des effets secondaires faibles ou modérés dans les 48 heures après l'injection : « il faudra le dire, être clair avec les Français », a souligné Marie-Paule Kieny, virologue, vaccinologiste et directrice de recherche à l'INSERM, lors de son audition ce 16 décembre devant les sénateurs.
Élargissement des compétences vaccinales dans un second temps
Les contributions reçues ont aussi conduit la HAS à préciser ses recommandations en matière d’élargissement des compétences vaccinales. Dans les premières phases de la campagne, la HAS préconise que la vaccination se fasse autant que possible sous la supervision d’un médecin (tout en s’appuyant sur les infirmiers intervenant au sein des EHPAD). Puis, lorsque le nombre de doses et le type de vaccins permettront de diversifier les lieux de vaccination, un élargissement des compétences vaccinales à l'ensemble des infirmiers et aux pharmaciens pourrait être envisagé. Cela permettrait de multiplier les portes d'entrée à la vaccination, toujours au plus près de la population.
La HAS devrait prochainement rendre un complément d'avis de sa stratégie globale sur la priorisation de la vaccination à l'égard des personnes à risque élevé de Covid et un autre avis sur la place dans la stratégie vaccinale de chaque vaccin, une fois les autorisations de mise sur le marché (AMM) accordées. Ce qui pourrait arriver dès la semaine prochaine, puisque l'agence européenne du médicament (EMA), pressée par l'Allemagne, examinera le vaccin Pfizer/BioNTech dès le 21 décembre.
Les 27 États de l'Union européenne pourront « commencer le même jour » leurs campagnes de vaccination, a annoncé la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen. En France, la campagne de vaccination « pourrait commencer avant la fin de l'année », a confirmé le porte-parole du gouvernement Gabriel Attal, en attendant les précisions qui seront données au Parlement par Jean Castex ces prochains jours. Selon le Pr Alain Fischer, qui pilote la campagne, une fois l'AMM donnée, « attendre serait irresponsable, on a suffisamment d'éléments sur l’efficacité, la sécurité, qui laissent penser qu'on va obtenir une protection des personnes qui vont être vaccinées ».
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