Par Céline Santran.
Si Armand était rentré tout guilleret chez lui avec le précieux pacemaker sous le bras, il avait tout de même conscience que le plus dur restait à faire.
— Qu’est-ce que tu es encore en train de mijoter ? lui lança sa femme depuis la cuisine tandis qu’il se dirigeait en sifflotant vers son bureau.
— Quand je suis triste, ça va pas, et quand je suis gai, ça va pas non plus ! Jamais contente ! répondit-il exaspéré.
Sa femme lâcha ses fanes de carottes pour le rejoindre alors qu’il déballait déjà son colis, comme un enfant pressé de découvrir son jouet.
— Ce n’est pas que tu sois gai qui me dérange, poursuivit-elle en fronçant les sourcils. Non, ce qui m’inquiète, c’est cette petite lueur que tu as dans l’œil, depuis quelques jours…
Armand secoua la tête :
— Tu dérailles, ma pauvre Babette…
— Taratata, tu sais très bien ce que je veux dire, ce petit œil chafouin, pétillant comme une bouteille de mousseux trop secouée, comme quand tu avais encouragé Tristan à tricher au bac !
— Ne dis pas n’importe quoi ! se défendit Armand. Je n’ai jamais encouragé notre fils à tricher, je lui ai simplement montré comment programmer sa calculatrice pour retrouver le fichier caché où il avait noté ses formules, juste au cas où il aurait un trou le jour de l’examen !
Elisabeth savait qu’il était inutile de lutter, son enfant de mari maniait la mauvaise foi à la perfection.
— J’espère juste que tu n’es pas encore en train de nous attirer des ennuis ! conclut-elle en retournant à la cuisine, parce que tu as beau être expert en théories pompeuses, tu risques fort d’en découvrir une nouvelle : la théorie des 4 C. Le Clic-Clac sans Confort ni Câlins !
*
Tout génie qu’il était, Armand commença par démonter minutieusement le pacemaker pour en analyser chaque composant. Il lui faudrait décortiquer la partie électronique dans les moindres détails. Il s’entraîna d’abord à contrôler le pacemaker par ordinateur en ayant au préalable modifié la programmation électronique du petit appareil.
— Évidemment, si j’avais pu directement trafiquer le pacemaker d’Urbain, ç’aurait été un jeu d’enfants ensuite ! songea-t-il à regret.
Réussir à arrêter le pacemaker ou à déclencher une décharge à distance sans toucher à l’appareil fut un casse-tête proche de la quadrature du cercle. Après deux jours d’un travail acharné, enfermé dans son bureau au grand dam d’Elisabeth – ce qui ne fit que renforcer ses doutes – Armand arriva à la conclusion que même s’il ne maîtrisait pas encore complètement le processus de contrôle du pacemaker, l’heure tournait. Il ne lui restait plus beaucoup de temps avant qu’Urbain ne sorte de l’hôpital. Urbain chez lui, il serait impossible à Armand de rester plus de deux minutes sous les fenêtres de sa maison sans être repéré par les voisins.
Or sa chambre au CHU était idéalement placée, au premier étage, au pied d’un grand parking bordé d’arbres, ce qui lui assurerait une totale discrétion en même temps qu’une proximité indispensable. Après avoir retourné le problème dans tous les sens, Armand décida qu’il devrait s’installer dès le lendemain sous la fenêtre de la chambre d’Urbain.
Comme prévu, il n’y avait pas foule lorsqu’il arriva, tout fébrile, sur le parking de l’hôpital sur les coups de quatre heures du matin. La place sous la fenêtre de la chambre d’Urbain lui tendait les bras. Il se gara, éteignit le moteur, s’enfonça confortablement dans son siège et alluma son ordinateur. Il était prêt à enchaîner les tentatives en espérant, coûte que coûte, frapper Urbain au cœur…
Prochain épisode dans notre édition du 19 mai
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