Le diabète de type 2 étant associé au surpoids et à l’obésité, on observe un renforcement des inégalités sociales liées à cette maladie encore plus marqué chez les femmes que chez les hommes.
Le constat est sans appel : 60 % des diabétiques de 45-79 ans ont un niveau d’étude inférieur ou égal au BEPC contre 39 % au sein de la population générale du même âge. Or, l’obésité est l’un, si ce n’est le facteur majeur de survenue de diabète de type 2 (DT2). C’est pourquoi les fortes inégalités en matière de survenue, de prise en charge et de complications du diabète sont liées en grande partie à la distribution de l’obésité qui suit l’échelle sociale. Avec une spécificité française (retrouvée aussi dans les pays d’Europe du sud) : le risque d’obésité est extrêmement inégalitaire chez les femmes, bien plus que chez les hommes. « La distribution sociale de l’obésité et ses conséquences sont encore plus marqués chez les femmes, précise Florence Jusot, professeur de Sciences Economiques à l’université de Rouen. En effet, être obèse est une pathologie de "pauvre" chez les femmes alors que c’est bien moins différencié socialement chez les hommes où l’obésité se retrouve davantage à tous les niveaux de l’échelle sociale. »
De récentes données démontrent aussi que les épisodes de précarité – y compris pendant l’enfance –produisent des effets péjoratifs sur le risque d’obésité à long terme beaucoup plus marqués chez les femmes.
Les personnes de catégories socioprofessionnelles moins favorisées ou de plus faible niveau d’éducation paient un plus lourd tribut au diabète. Complications diabétiques, grossesses à risque, etc. Tous les aspects de la prise en charge font l’objet de fortes inégalités sociales, que ce soit vis-à-vis du risque vasculaire, du risque d’insuffisance rénale ou en matière de détériorations dentaires dues au diabète. Un mauvais équilibre glycémique est environ deux fois plus fréquent chez les personnes de niveau d’études inférieur au baccalauréat.
Par ailleurs, les complications sont systématiquement et considérablement plus fréquentes dans les classes sociales les plus défavorisées : chez les diabétiques de moins de 60 ans, les antécédents de complications macrovasculaires sont trois fois plus fréquents chez les ouvriers et les personnes de profession intermédiaire que chez les cadres. De plus, les examens de suivi de complications du diabète sont plus souvent réalisés chez les cadres où, par exemple, la réalisation d’un examen du fond d’œil dans l’année est presque trois fois plus fréquente que chez les ouvriers. Les différences de prise en charge vont même très loin, à l’exemple de l’insuffisance rénale avec des inégalités constatées lors de l’accès à la greffe rénale.
Complications spécifiques
À cela s’ajoutent chez les femmes certaines complications spécifiques, principalement celles liées à la grossesse, lorsqu’elles sont en fort surpoids, obèses et/ou diabétiques. Le risque de prématurité est ainsi doublé chez les non-qualifiées comparé aux cadres et la déclaration de la grossesse est plus fréquemment retardée avec des conséquences sur la suite des visites. Les antécédents de diabète gestationnel sont aussi plus fréquents chez les femmes en situation de grande précarité par rapport à celles moins précarisées (14,3% contre 8,9%). Or l’on sait désormais à quel point il intervient dans le risque accru de diabète ultérieur et le risque de donner naissance à un enfant macrosome susceptible, lui aussi, de devenir diabétique.
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