Les troubles musculo-squelettiques (TMS) recouvrent un large ensemble d'affections de l'appareil locomoteur, occasionnant douleurs et gênes fonctionnelles souvent quotidiennes. Ils constituent de loin la première cause de maladies professionnelles indemnisées et la deuxième cause médicale de mise en invalidité. Tendons et gaines tendineuses, muscles, nerfs, ligaments, capsules articulaires et bourses séreuses, vaisseaux... : les structures potentiellement affectées sont nombreuses.
« Il existe, certes, quelques facteurs féminins, comme la grossesse ou la ménopause, qui augmentent le risque de TMS. Mais leur rôle n’est pas majeur. Hormis ces facteurs, la question d’une prédisposition biologique féminine aux TMS reste un débat non tranché, indique le Pr Yves Roquelaure, chef du service de médecine du travail et pathologie professionnelle du CHU d’Angers. Et si l’on recense certes plus de cas déclarés de TMS chez les femmes que chez les hommes, notamment de TMS du poignet, cela reflète surtout la division très importante des tâches au travail selon le genre. Les femmes sont ainsi bien plus affectées aux tâches répétitives favorisant ces troubles, et peu aux tâches en force. »
Par ailleurs, « les efforts de prévention professionnelle des TMS bénéficient davantage aux hommes qu’aux femmes », souligne Yves Roquelaure. Car on se focalise surtout sur les tâches pénibles, c’est-à-dire en force, dévolues aux hommes, mais beaucoup moins sur les gestes fins et répétitifs qui sont plutôt l’apanage des femmes.
« De plus, les métiers d’aides sont générateurs d’un très grand nombre de TMS. Or ce sont des métiers quasi exclusivement féminins : femmes de ménage, agents de services, aides à domicile, aides-soignantes... » De plus, les femmes continuent d’avoir plus d’activités domestiques. « Dans les pays du Maghreb, par exemple, le fait de ne pas avoir de machine à laver est clairement un facteur de risque de syndrome du canal carpien. » En France, cela joue moins mais les tâches domestiques continuent de solliciter davantage les femmes.
Inégalité socio-professionnelle
La prévention porte sur l’amélioration des conditions de travail, notamment lors du retour au travail, sur le dépistage et la prise en charge précoce. Elle doit surtout viser les populations vulnérables. « Il existe une inégalité socio-professionnelle assez forte. Je suis frappé par la situation des femmes âgées peu qualifiées, ayant connu des "trous de carrière", obligées de travailler assez tard pour avoir leur retraite à taux plein. Ce sont souvent des femmes en très grande difficulté, qui échappent à la médecine du travail et sont très peu aidées. Je pense notamment aux femmes de ménages, grandes oubliées de la réforme des retraites. »
Le médecin traitant a un rôle central
« C’est lui qui suit les personnes durant leur arrêt de travail. à cet égard, la coordination et les échanges bilatéraux entre le médecin traitant et le médecin du travail doivent être renforcés : la coordination de leurs actions est primordiale, notamment pour préparer le retour au travail. Il faut faire porter l’effort sur les postes peu qualifiés qui représentent 20% des emplois féminins ».
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