Ostéoporose, constipation...

L’équilibre alimentaire pèse aussi dans la balance

Publié le 13/06/2014
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De nombreuses pathologies de la femme peuvent être favorisées par certains déséquilibres nutritionnels. Or les pratiques alimentaires restent conditionnées par l’appartenance sociale.

Crédit photo : VICTOR DE SCHWANBERG/SPL/PHANIE

Malgré une uniformisation de l’offre alimentaire en 2013 les différences sociales en matière d’alimentation perdurent comme le montre une étude du Credoc. La consommation de fruits et de légumes ou encore de poisson est toujours plus importante dans les foyers plus aisés tandis que celles de pommes de terre, corps gras, boissons sucrées, sandwich, pizza et viennoiseries sont plus élevées dans les classes populaires.

Phénomène nouveau, la consommation de viande, jadis réservée aux catégories favorisées, est désormais plus importante dans le bas de l’échelle sociale. Bœuf, porc et charcuteries se retrouvent donc volontiers dans l’assiette des moins aisés tandis qu’agneau et volaille figurent au menu des plus favorisés. Quant aux lieux d’achat, ils restent de véritables marqueurs de niveau de vie avec les ménages les plus pauvres, surreprésentés dans les hard discounts. à cela s’ajoutent les représentations de l’alimentation qui diffèrent selon le niveau social. Si « Bien se nourrir » est, pour les catégories aisées, « consommer des produits sains », pour les catégories les plus modestes, il s’agit plutôt « d’accéder à une abondance d’aliments nourrissants » pour conjurer « la peur de manquer ». Or, on le sait, l’alimentation est un acteur déterminant de l’état de santé.

Ostéoporose : penser aux fruits et légumes !

Concernant l’ostéoporose, « les pratiques alimentaires sont fortement corrélées à la santé osseuse, que ce soit en termes de densité minérale ou de risque fracturaire », explique Véronique Coxam, spécialiste du métabolisme osseux à l’Inra. Et la prévention doit débuter dès l’adolescence, période de constitution du capital osseux.

Si l’intérêt du calcium associé à la vitamine D est évident, « il est important aussi de prendre en compte le rôle de l’alimentation dans sa globalité, notamment sur l’équilibre acido-basique », alerte-t-elle . Car une alimentation déséquilibrée, c’est à dire trop riche en produits animaux ou en sel et insuffisante en fruits et légumes, pourrait générer une acidose métabolique et forcer ainsi l’organisme à puiser dans ses réserves alcalines, l’os, pour rétablir l’équilibre. « Pour éviter tout problème, il est recommandé d’associer les produits animaux à des aliments sources de potassium comme les fruits et légumes ou des aliments neutres comme le lait. Les eaux minérales riches en calcium et en bicarbonates peuvent aussi aider à rétablir l’équilibre acido-basique. » En revanche, il ne faut pas compter sur les produits céréaliers ou les légumineuses pour contrer la charge acide apportée par les produits animaux.

Maladies cardiovasculaires : pas d’aliments interdits, mais...

Concernant les maladies cardiovasculaires, le Pr Jean Ferrières en est convaincu : « Le plus gros problème est le déséquilibre nutritionnel ». De fait souligne cet investigateur de l’étude Mona-Lisa Nut – dont l’objectif a été d’étudier dans trois régions françaises l’impact des facteurs nutritionnels sur le risque cardiovasculaire – les jeunes femmes ont, aujourd’hui, une alimentation moderne, urbaine, plus dense en calories et finalement moins diversifiée. « Or, ces choix alimentaires s’installent dès l’adolescence et ne se modifient que très modestement avec l’âge », regrette-t-il.

Pour autant, il refuse d’incriminer des aliments ou nutriments spécifiques. Ainsi, on ne peut plus affirmer que les graisses saturées sont néfastes. « Les données récentes de l’Inra indiquent que les acides gras saturés ne sont pas tous mauvais et que certains jouent même un rôle fondamental, précise-t-il. Il n’est donc plus question, comme par le passé, de déconseiller à nos patients les produits laitiers gras car ils restent une excellente source de calcium. » En revanche, il ne voit pas d’intérêt à les supplémenter en vitamines A, E, antioxydants ou encore Coenzyme Q. « Ils n’ont pas prouvé scientifiquement de bénéfice cardiovasculaire. »

Comme l’indiquent les données de Mona-Lisa-Nut, le profil alimentaire le plus favorable est 3 à 4 produits laitiers, 500 à 600 g de fruits et légumes, des poissons, viandes, volailles, œufs et 150 g de produits céréaliers par jour. « Quasiment les recommandations du PNNS ! »

Constipation : toutes les fibres sont bonnes

Le déséquilibre alimentaire peut aussi être impliquée dans la constipation qui concerne une femme sur trois. Un rééquilibrage de l’alimentation et notamment un enrichissement en fibres (au moins 30g/jour) et en liquides peut améliorer la donne.

On distingue deux types de fibres : les solubles (légumes secs, légumes) et les insolubles (céréales complètes). S’il est prouvé depuis longtemps que les fibres insolubles stimulent et régulent le transit intestinal, celles solubles peuvent aussi avoir un intérêt, comme l’indique Marcel Roberfroid, professeur à l’université de Louvain (Belgique). Ce pionnier des prébiotiques explique que certaines fibres solubles ont des propriétés prébiotiques, c'est-à-dire stimulent la croissance et l’activité de la flore intestinale. « Associer les prébiotiques avec des probiotiques permettrait de régulariser la fréquence et la qualité des selles »,

assure-t-il.

Cyrille Costa

Source : lequotidiendumedecin.fr