Un travail réalisé à partir des données de l'Assurance-maladie permet de mieux préciser l'épidémiologie du psoriasis en France, dont la prévalence était jusqu'alors estimée entre 1 et 2 % à partir des données d'enquêtes et de cohortes non exhaustives et jusqu’à 4 % dans l'étude Objectif peau. En se basant sur les données colligées entre janvier 2008 et décembre 2016, les auteurs cette étude ont sélectionné tous les psoriasis traités, définis par la délivrance de deux traitements topiques à base de vitamine D sur une période de 2 ans ainsi que tous les nouveaux patients sous traitement systémique conventionnel ou biologique. L'analyse des maladies associées, rhumatisme psoriasique, maladie inflammatoire chronique intestinale (MICI) et autres comorbidités a été réalisée à partir des données d'hospitalisation, de consommation de médicaments et d'affection de longue durée (ALD).
Au total, près de 875 000 patients, dont 52,4 % d'hommes, âgés en moyenne de 53,8 ans répondaient aux critères d'inclusion, soit une prévalence du psoriasis de 1,33 %, possiblement sous-estimée du fait de l'absence de code maladie dans la base de données.
Un traitement de première intention à l'efficacité modeste
Près de 13 % des patients avaient bénéficié d'au moins un traitement systémique, l'acitrétine étant prescrite en première intention dans près de la moitié des cas, alors que son efficacité est modeste, ont souligné les auteurs de ce travail.
Les comorbidités, en particulier cardiovasculaires (hypertension artérielle, diabète, dyslipidémie, événements cardiaques sévères) étaient fréquentes, concernant plus de 80 000 nouveaux utilisateurs de traitements systémiques. L'association à un rhumatisme psoriasique ou à une MICI était plus fréquente chez les sujets recevant des traitements biologiques comparativement à ceux ayant d'autres traitements systémiques, respectivement 33,6 % vs 7,4 % et 5,7 % vs 0,6 % (p < 0,0001).
Une consommation de dermocorticoïdes en baisse
Toujours à partir de cette même base de données, une autre étude a évalué l'évolution de la consommation de dermocorticoïdes avant et après l'initiation d'un traitement systémique chez les 81 722 nouveaux utilisateurs. Avant l'instauration du traitement systémique, la consommation de dermocorticoïdes était un peu plus élevée chez les sujets qui ont ensuite reçu de l'infliximab et un peu moins élevée chez ceux qui ont par la suite été traités par acitrétine. Et, après l'instauration de ce traitement, la consommation de dermocorticoïdes était significativement réduite de 70 à 80 %, dans des proportions moindres en cas de traitement par acitrétine (50 %).
« Cette analyse confirme ainsi en vie réelle l'épargne cortisonique apportée par la mise en route d'un traitement systémique », a indiqué la Dr Émilie Sbidian (hôpital Henri-Mondor, Créteil), avant de préciser que l'administration de topiques à base de vitamine D n'a pas été prise en compte dans cette étude.
Des critères d'exclusion de plus en plus larges
Les données dans la vraie vie sont importantes pour guider la stratégie thérapeutique dans la pratique clinique, car la proportion de patients non éligibles aux essais cliniques randomisés, pour lesquels les critères d'exclusion sont de plus en plus nombreux, est élevée. En témoigne un travail réalisé à partir de la cohorte nationale PsoBioTeq, riche de 1 267 patients : 59 % n'auraient pas pu être inclus dans les essais de phase 3, notamment en raison d'un défaut de score PASI, de comorbidités, d'une forme clinique autre que le psoriasis en plaques ou encore des habitudes de vie (consommation d'alcool, exposition au soleil).
Communications des Drs Émilie Sbidian, hôpital Henri-Mondor (Créteil) et Marie Masson-Regnault (CHU Toulouse).
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