Cancers cutanés

Un impact notable sur la vie professionnelle

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Publié le 17/01/2019
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cancer peau

cancer peau
Crédit photo : Phanie

Mélanome et carcinome basocellulaire (CBC) sont deux cancers cutanés aux pronostics différents. Le mélanome est associé à un risque de récidive qui persiste pendant plusieurs années et pour le grand public il est synonyme de tumeur potentiellement mortelle. Son pronostic dépend bien sûr du stade : la survie à 5 ans est de 91 % tous stades confondus, de 98 % aux stades localisés et de 15 % au stade métastatique. Le carcinome basocellulaire a un excellent pronostic, il ne donne pas de métastase et est d'agressivité locale, mais le geste chirurgical peut être mutilant, les lésions sont souvent multiples, en zones visibles dans 80 % des cas.

Dans le cadre du projet Objectifs peau de la Société française de dermatologie, l'ensemble des dermatologues se sont vus proposer de participer à une étude originale visant à mieux préciser l'impact de ces deux cancers cutanés sur la vie professionnelle des patients. Sur les 3 400 spécialistes contactés, 382 ont inclus un total de 1 890 patients, avec un double questionnaire, l'un pour le médecin, l'autre pour le patient. Parmi les dossiers évaluables, 355 concernaient des patients avec un mélanome (55 au diagnostic initial, 300 suivis sans récidive) et 320 ayant un ou plusieurs CBC. La répartition hommes/femmes était homogène dans les deux groupes, 70 % des patients vivaient en couple. L'âge moyen était logiquement un peu plus élevé pour les CBC (68 ans versus 60 ans) et la proportion de sujets encore en activité professionnelle de 41,6 % en cas de mélanome et de 22 % en cas de CBC. L'état général était très bon dans 90 % des cas.

Parmi les sujets encore en activité professionnelle, ceux ayant rapporté avoir manqué des jours de travail à cause de leur cancer cutané au cours des 6 mois précédents étaient plus nombreux dans le groupe mélanome que dans le groupe CBC : 42 % vs 28 %. Le nombre de jours d'arrêt moyen était respectivement de 28 et 15. Ces absences étaient essentiellement dues à un rendez-vous médical ou un soin, peu à de la fatigue, et ce quel que soit le type de cancer cutané.

Une adaptation des horaires de travail a été nécessaire chez 94 % des patients avec un mélanome (8 % ont demandé un mi-temps thérapeutique), contre 4 % chez ceux avec un CBC. Les patients ont été respectivement 22 % et 14 % à rapporter une moindre efficacité au travail et respectivement 9 % et 6 % à avoir subi une baisse de revenus.

Informer les patients et le public

Il apparaît ainsi que l'impact des cancers cutanés sur la vie professionnelle est loin d'être négligeable, certes plus marqué en cas de mélanome sans récidive, mais malgré tout conséquent dans les CBC, avec in fine un vécu et un retentissement psychologique et économique assez proche.

Enfin, en marge de la vie professionnelle, les conséquences du mélanome sur l'obtention d'un prêt bancaire restent importantes, puisque 20 % des patients ont rencontré des difficultés pour obtenir un prêt, contre 6 % chez ceux étant traités pour un CBC. Il y a donc un vrai besoin d'information des patients et du grand public mais aussi des employeurs et des sociétés de crédit. 

Communication du Dr Marie Aymonier, hôpital de la Timone, Marseille.

Dr Isabelle Hoppenot

Source : Le Quotidien du médecin: 9716