Radioprotection chez l’enfant

Le respect des principes

Publié le 17/11/2014
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L’impact sur l’organisme des diverses sources de rayonnement, naturelles et artificielles, est évalué sur la dose efficace reçue (en milliSievert) qui prend en compte le rayonnement et la sensibilité du tissu exposé . En 30 ans la dose de radiation ionisante annuelle moyenne à des fins diagnostiques a été multipliée par 6 aux États-Unis et dépasse, depuis 2006, l’irradiation naturelle annuelle. En France, l’exposition est moindre (1) (1,6 mSv/an, tout âge confondu), mais elle a augmenté de 20 % entre 2007 et 2012.

Les effets déterministes à court terme des rayonnements ionisants sont dose-dépendants et apparaissent au-delà d’une dose seuil supérieure à celle du radiodiagnostic. Ce qui préoccupe, ce sont les possibles effets stochastiques à long terme. « La question actuelle chez l’enfant est de savoir si de très faibles doses (moins de 100 ou 200 mSv) exposent -ou non- au risque stochastique. Les enfants sont des êtres en développement. Ils sont donc particulièrement sensibles aux rayonnements ionisants. De plus, leur espérance de vie accroît les risques d’effet stochastique à long terme », explique le Pr Hubert Ducou Le Pointe.

Sur la sellette, le scanner. Irradiant (cf. tableau ), peu pratiqué entre 0 et 10 ans, il l’est plus à l’adolescence. En 2012, une étude rétrospective sur 178 000 enfants (2) a évalué le surrisque de leucémie ou cancer cérébral à 1/10 000 scanners. En 2013, Sodickson A et al.(3) retrouvent ce surrisque. « Ces études ont le mérite d’attirer l’attention sur la nécessité de radioprotection et de pratiques professionnelles encadrées, mais elles présentent des biais importants : les raisons de la prescription du scanner n’ont pas été étudiées, ce que fait l’étude IRSN Cohorte Enfant Scanner dont les résultats définitifs sont attendus en 2016 », indique le Pr Ducou Le Pointe.

Les principes

Trois  principes de radioprotection doivent être appliquer:

La justification des actes. Le Pr Ducou Le Pointe invite à consulter le « Guide du bon usage des examens d’imagerie médicale », (1). Rédigé par la Société française de radiologie et les Sociétés savantes cliniques, il précise l’examen le plus utile et le moins irradiant dans les principales situations cliniques ;

la substitution. Remplacer, si possible, un examen irradiant (radiographie, scanner) par un non irradiant (échographie, IRM). Le Pr Ducou Le Pointe rappelle l’importance « de remplacer le scanner cérébral par l’IRM devant une céphalée –hors contexte d’urgence- ; et de préférer l’échographie ou l’IRM à l’ASP (4 à 6 mois d’irradiation naturelle) ou au scanner abdominal (2 à 4 ans d’irradiation) » ;

l’optimisation des actes. Préparation et contention des petits, matériel moderne, reconstructions peu irradiantes, auto-évaluation des doses délivrées (tableau ) sont la responsabilité des radiologues et des techniciens.

D’après un entretien avec le Pr Hubert Ducou Le Point Hôpital Armand Trousseau, Paris.

(1) Source IRSN données 2014

(2) Pearce M et al Lancet 2012; 380 (9840): 409-505

(3)Mathews J et al. BMJ 2013; 346:2360

(1) www.gbu.radiologie.fr

Dr Sophie Parienté

Source : Bilan spécialistes