Alors que la mortalité liée au cancer du poumon se stabilise chez l’homme, elle est en constante augmentation chez la femme, ce qui n’est pas une surprise.
Les femmes fumant de plus en plus et de plus en plus tôt depuis les années 1970 : 14 000 des 73 000 décès (toutes causes, y compris la « cigarettose », la bien-nommée broncho-pneumopathie chronique obstructive) attribuables au tabac par an en France sont féminins, contre 4 000 il y a 10 ans… En 2012, 28 200 hommes ont développé un cancer broncho-pulmonaire, contre 11 300 femmes ; la mortalité féminine par cancer du poumon s’élève désormais à 9 000 décès par an (11 800 pour le cancer du sein).
Femmes et cancer
Or les femmes ne sont pas les égales des hommes sur ce terrain aussi… À tabagisme équivalent, elles sont manifestement plus sensibles à une cancérisation, parce qu’elles activent moins leurs mécanismes de défense et de détoxification vis-à-vis du tabac, sans doute également en raison des interactions entre les voies de signalisation des cellules cancéreuses et l’exposition aux hormones (imprégnation hormonale naturelle, pilule contraceptive et/ou traitement hormonal de la ménopause).
Il pourrait d’ailleurs être envisagé des stratégies de traitements différentes (ce qui n’est pas le cas actuellement), tenant compte des anomalies moléculaires « spécifiquement féminines » (davantage de mutations de l’EGFR, de HER2 ou de BRAF, moins de KRAS muté) et des phénomènes hormonaux avec des thérapies associant anti-EGFR et inhibiteur des hormones (essai IFCT-LADIE 1003). Indépendamment de l’âge, du stade, de l’histologie et des modalités thérapeutiques, le pronostic est toutefois meilleur, avec une survie supérieure à celle des hommes, y compris pour les patientes les plus âgées en l’absence de traitement… Les femmes semblent répondre davantage à la chimiothérapie, survivre plus longtemps sans que l’on sache encore si elles sont plus chimiosensibles ou dotées d’un profil de comorbidités plus favorable.
Maladie professionnelle
Mais tous les cancers broncho-pulmonaires ne sont pas liés au tabac : 7 à 10 % des nouveaux cas selon les régions touchent des non-fumeurs, fumeurs passifs (qui voient leur risque augmenté de 30 %) ou patients exposés à d’autres contaminants. Et là encore, l’amiante ne doit pas occulter les autres expositions professionnelles, comme les carbures frittés, l’ardoise, le nickel, etc. « Autre piège dont il convient de se garder, prévient le Dr Jean-Pierre Grignet, chef du service de pneumologie du Centre Hospitalier de Denain, nier ou oublier d’évoquer la maladie professionnelle au motif que cohabite une intoxication tabagique ». Le doute devrait donc bénéficier au patient d’autant que l’on connaît l’effet multiplicateur d’expositions multiples. Ainsi, si un sujet non exposé à l’amiante et non fumeur présente un risque de cancer de 1, celui d’un sujet non exposé et fumeur s’élève à 11, celui d’un sujet exposé non fumeur à 5-6 et celui d’un sujet exposé et fumeur culmine à 56.
Article précédent
La prévention primaire passe par l’acquisition et l’entretien du capital osseux
Article suivant
Un juste équilibre à préserver
Un risque d’AVC chez la femme
C’est aussi le rôle des médecins
Le cancer n’est pas la seule situation à risque
Chez la femme aussi
La prévention primaire passe par l’acquisition et l’entretien du capital osseux
Féminin et non tabagique
Un juste équilibre à préserver
Pr Israël Nisand : « Je n’imagine pas une régression du droit à l’IVG mais un défaut de moyens pour les réaliser »
Dépistage et vaccination doivent encore être améliorés
Vers une prise en charge globale
Pourquoi pas l’autoconservation d’ovocytes pour raison sociétale?
Femme de 35-40 ans, fumeuse et fatiguée
La France plutôt bonne élève
L’influence des hormones
CCAM technique : des trous dans la raquette des revalorisations
Dr Patrick Gasser (Avenir Spé) : « Mon but n’est pas de m’opposer à mes collègues médecins généralistes »
Congrès de la SNFMI 2024 : la médecine interne à la loupe
La nouvelle convention médicale publiée au Journal officiel, le G à 30 euros le 22 décembre 2024