Depuis 1998, la mortalité des BPCO féminines augmente de + 1,7 % par an. La maladie chronique débute sournoisement, touche la femme jeune, fumeuse depuis l’adolescence (tabac et/ou cannabis, dès 10 paquets années). La BPCO s’installe sournoisement. Le plus souvent, la jeune femme s’adapte et limite ses activités. Elle consulte pour asthénie. On évoque l’anémie.
Penser au diagnostic et prescrire la spirométrie.
Le diagnostic est parfois évoqué devant une gène à l’expectoration, un essoufflement, des co-morbidités (anxiété, dépression). Il est souvent tardif, parfois inaugural lors d’un épisode d’exacerbation grave (réanimation).
À tabagisme égal, la BPCO de la femme est plus sévère (susceptibilité des récepteurs hormonaux aux toxiques ?) avec un retentissement plus marqué sur la qualité de vie et un périmètre de marche réduit, cause de handicap. La toux chronique est mal vécue.
En cas d’exacerbation sévère, la corticothérapie générale à 0,5 mg/kg/j suffit souvent. Doubler la dose (1 mg/kg/j) n’est pas plus efficace, accentue l’amyotrophie (lié au déconditionnement à l’exercice) donc les difficultés respiratoires, avec un risque d’ostéoporose (au delà d’1 cure/an, bilan osseux). En cas d’antécédents familiaux de BPCO, il convient de rechercher un déficit en alpha1-antitrypsine.
Le Pr Chantal Raherison, CHU, Bordeaux invite à « prescrire la consultation de sevrage tabagique en même temps que la kinésithérapie. Ne pas baisser les bras : le sevrage est efficace et il perdure. Sevrage tabagique et oxygénothérapie au long cours sont les seuls à avoir démontré une efficacité sur la survie des BPCO ». La réhabilitation respiratoire fait mieux que les médicaments (niveau de preuve A). L’exercice physique va de pair avec les médicaments et change la vie…
D’après un entretien avec le Pr Chantal Raherison-Semjen, Service des Maladies Respiratoires
Pole Cardio-Thoracique, CHU Bordeaux.
L’asthme n’est pas qu’allergique
Plus fréquent chez la femme à partir de l’adolescence, il survient à tout âge et semble plus sévère.
Interrogatoire : asthme et statut hormonal ?
Asthme prémenstruel : l’asthme s’aggrave chez 30 % des femmes asthmatiques avant les règles. Un traitement hormonal peut améliorer la symptomatologie. Anticiper, moduler le traitement de fond limite l’exacerbation liée aux règles. Notons que la contraception orale n’aggrave pas l’asthme.
La grossesse déstabilise (1/3 cas), améliore (1/3 cas) ou ne modifie pas l’asthme. Cet effet est un facteur prédictif important qui se répète d’une grossesse à l’autre. Si l’asthme a été déstabilisé lors d’une précédente grossesse, ne surtout pas diminuer les traitements de fond. Ils ont un bon rapport bénéfice/risque pendant la grossesse et une maladie stable évite l’hypoxie foetale. Anticiper la grossesse chez une femme en âge de procréer en débutant l’éducation thérapeutique : elle s’inquiète de la toxicité des médicaments (cf. www.lecrat.org), mais sous-estime le risque d’hypoxies répétées sur le foetus.
L’asthme post-ménopausique n’est pas rare. La ménopause peut dégrader la fonction ventilatoire et accélérer le déclin du VEMS. L’éventuelle responsabilité des THS est controversée.
Particularités féminines
Une toux qui persiste (+/- sifflement) après un épisode infectieux viral peut être une hyper-réactivité bronchique. Penser à l’asthme.
Asthme mal contrôlé ? Est-elle exposée aux irritants (produits ménagers, professionnels), facteur de risque établi d’asthme féminin.
L’adolescente asthmatique se fait souvent dispenser de sport…L’asthme ne contre-indique pas le sport (avec bronchodilatateur d’action courte avant et/ou après l’exercice). Le traitement est médicamenteux et musculaire : le déconditionnement à l’effort génère un inconfort et une dyspnée chez l’asthmatique…
D’après un entretien avec le Pr Chantal Raherison-Semjen, Service des Maladies Respiratoires
Pole Cardio-Thoracique, CHU Bordeaux
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