Des ateliers ministériels au pas de charge

Loi de santé : une concertation déconcertante

Publié le 02/02/2015
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Les premières réunions des groupes de travail ministériels, toute la semaine dernière, n’ont pas rassuré les syndicats de médecins libéraux, unanimement opposés au projet de loi de santé.

L’atelier sur le tiers payant illustre ces tensions. « Toutes les solutions techniques seront étudiées pour mettre en place la dispense d’avance de frais », a lancé Marisol Touraine, en ouvrant les travaux. Un positionnement peu apprécié par les médecins qui réclament le retrait de cette réforme. « Nous nous interrogeons sur la volonté réelle de dialogue et de compromis, s’offusque le Dr Jean-Paul Ortiz, président de la CSMF. Je suis pessimiste, il est difficile de trouver une solution dans un délai si court ».

Sur le tiers payant,les médecins s’interrogent sur les marges de manœuvre d’Anne-Marie Brocas, présidente du Haut conseil pour l’avenir de l’assurance-maladie, qui pilote ce groupe de travail. Un conclave a réuni pendant deux heures plus de 60 représentants des médecins, de la CNAM, des complémentaires et des patients. Point de fumée blanche mais un calendrier pour tenter de trouver d’ici à fin février un cahier des charges apportant des garanties sur la dispense d’avance de frais. « Mission impossible », clame le Dr Jean-Paul Hamon, président de la FMF. « Nous sommes dans la même situation qu’il y a un an, le dossier technique n’a pas d’issue », redoute le Dr Claude Leicher, président de MG France.

Noyés ?

En réalité, les lignes bougent du côté des financeurs. Nicolas Revel, le nouveau directeur de la CNAM ne souhaite pas (contrairement à son prédécesseur) que l’assurance-maladie centralise, seule, les flux de tiers payant mais il entend collaborer avec les complémentaires. De leur côté, mutuelles, assureurs et institutions de prévoyance travaillent ensemble à l’architecture concrète du dispositif (ouverture et gestion en ligne des droits des patients, garanties de paiement pour les praticiens, retour d’informations). Mais ces travaux se font en coulisses.

Les autres réunions au ministère se succèdent à un rythme effréné sur l’organisation territoriale des soins, les compétences, le service public hospitalier, la médecine générale et spécialisée... Les médecins spécialistes de la CSMF dénoncent « une manipulation ». « On nous occupe, on nous noie », s’agace le Dr Xavier Gouyou-Beauchamps, du BLOC.

Les médecins maintiennent la pression (boycott de la télétransmission, grève de la PDS). Des généralistes fermeront leur cabinet le 5 février. Une manifestation nationale doit réunir les médecins, internes et chefs de clinique à Paris le 15 mars.

Christophe Gattuso

Source : Le Quotidien du Médecin: 9383
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