Loi de santé, élections, consultation à 30 euros minimum : la rentrée tonique de la CSMF

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Publié le 26/08/2015
Dr Jean-Paul Ortiz

Dr Jean-Paul Ortiz
Crédit photo : S. TOUBON

La Confédération des syndicats médicaux français (CSMF), qui effectuait sa rentrée anticipée ce mercredi 26 août, a présenté ses principaux axes de bataille pour les prochaines semaines.

Le contexte s’annonce particulièrement chargé avec l’examen de la loi de santé au Sénat à partir du 14 septembre, les élections professionnelles (URPS) avec un vote par correspondance qui s’achèvera le 12 octobre, ou encore les discussions sur le prochain budget de la Sécu (avec un ONDAM historiquement bas).

À deux semaines de sa traditionnelle université d’été, qui se déroulera du 11 au 13 septembre sur la presqu’île de Giens (Var), la Confédération se pose en « grand syndicat responsable et bâtisseur ». Une façon de se démarquer des postures et discours jusqu’au-boutistes (appels à l’arrêt d’activité, blocage sanitaire...) qui risquent de fleurir en cette rentrée médicale. « Nous nous opposons fermement aux mesures néfastes pour la médecine libérale mais nous voulons aussi proposer pour construire l’avenir », résume le Dr Jean-Paul Ortiz.

Mais pas question de céder sur le fond. Fondant peu d’espoirs dans la concertation ouverte par le Premier ministre, le leader confédéral a rappelé que la CSMF boycottait la grande conférence nationale de santé, qualifiée de « mascarade ».

Désobéissance civile face au tiers payant

Le président de la Conf a surtout réaffirmé son refus catégorique du tiers payant généralisé et obligatoire, mesure emblématique de la loi de santé. Il continue d’appeler les médecins à la « désobéissance civile ». « Nous restons favorables au tiers payant social à la discrétion du médecin », a-t-il précisé.

Le Dr Ortiz a déploré une nouvelle fois le « démantèlement du métier de médecin » dans ce projet de loi, illustré selon lui par la récente ouverture de la CCAM des médecins aux sages-femmes à compter du 1er janvier 2016, et a regretté « l’exclusion » des cliniques du service public hospitalier.

Gagner les élections

Dans ces conditions, le syndicat attend un « sursaut démocratique » des sénateurs. Mais quand d’autres réclament l’abrogation pure et simple du texte, il précise qu’une loi peut s’amender, rappelant la suppression des mesures cœrcitives de la loi Bachelot grâce à la loi Fourcade, votée neuf mois plus tard.

Totalement engagée dans les élections professionnelles, la CSMF – qui présente une liste dans les 17 régions et dans les trois collèges électoraux – laissera une grande latitude à ses verticalités (UNOF pour les généralistes et UMESPE pour les spécialistes) pour présenter leurs principaux axes de campagne (dans les prochains jours).

Une chose est sûre, le premier syndicat médical entend profiter de son ancrage géographique et de son expertise pour « rassembler les médecins et gagner les élections », qui précéderont une prochaine enquête de représentativité, avant la négociation d’une nouvelle convention médicale.

« Le tarif unique, ce n’est plus possible »

Sans attendre, la CSMF pose des jalons sur le chantier tarifaire, jugé stratégique.

Fustigeant le blocage des tarifs des actes médicaux depuis des années (le C est à 23 euros depuis janvier 2011, tarif jugé « irrespectueux et indigne »), le syndicat appelle de ses vœux une « profonde refondation tarifaire » avec une nouvelle classification des consultations revalorisées. « Allez voir un médecin en France ne devrait pas être à moins de 30 euros », a-t-il précisé.

« Le tarif unique de consultation, ce n’est plus possible, a ajouté le Dr Ortiz. Il est urgent de revaloriser le métier et l’expertise du médecin ». Le patron confédéral a souligné que sa centrale n’était « pas favorable au développement des forfaits pour rémunérer les soins » mais continuait de privilégier le paiement à l’acte, « cœur du métier de médecin ».

Pour diminuer le temps consacré aux tâches administratives, la CSMF a réclamé des moyens permettant aux médecins d’engager des secrétaires. « Aujourd’hui, seul un tiers des généralistes ont une secrétaire », a souligné le Dr Ortiz.


Source : lequotidiendumedecin.fr
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