Après un syndrome coronarien aigu, le risque relatif de décès est réduit de 36 % chez les patients qui arrêtent de fumer. Mais si une majorité (de 60 à 80 %) des patients arrêtent effectivement de fumer juste après l’infarctus, seuls de 30 à 60 % maintiennent leur arrêt un an après.
Une revue Cochrane (1) a montré que les interventions d’aide à l’arrêt du tabagisme initiées au cours de l’hospitalisation et poursuivies ensuite pendant au moins un mois augmentent les chances de sevrage réussi, mais ces interventions sont généralement réservées aux fumeurs motivés. « Ainsi, en pratique, seuls 25 % des patients bénéficient d’un entretien de motivation au cours de leur séjour à l’hôpital », note le Dr Reto Auer. Mais comme le souligne une étude récente, ce type d’entretien, centré sur la personne, non jugeant, et visant à créer un lien et à aider le patient à trouver des solutions, est également bénéfique chez les sujets non motivés pour le sevrage.
L’étude, qui a inclus quelque 400 patients hospitalisées pour un syndrome coronaire aigu dans 4 hôpitaux universitaires en Suisse, comportait deux phases. Au cours de la première phase, d’observation, des conseils étaient prodigués sur demande dans le cadre d’une consultation hospitalière, tandis qu’au cours de la deuxième phase, d’intervention, un entretien de motivation complété par un suivi téléphonique durant deux mois (J2, S1, S2, M2) était proposé à tous les patients quelle que soit leur motivation à arrêter de fumer. L’intervention a été acceptée par 86 % des patients ; l’entretien à l’hôpital a duré en moyenne 50 minutes, et 90 % des sujets ont accepté un suivi téléphonique, les appels ayant duré 13 minutes chacun en moyenne.
À un an, 52 % des patients ayant bénéficié de l’intervention avaient arrêté de fumer, versus 43 % dans le groupe obervationnel.
«De façon intéressante, ce sont les sujets les moins motivés à arrêter de fumer qui semblent bénéficier le plus de l’intervention », poursuit le Dr Auer, qui estime qu’il se passe quelque chose dans la relation entre le soignant et le patient, qui peut modifier la motivation.
« lI faut changer la perception des soignants. Nous ne sommes pas là pour juger, mais pour accompagner les personnes. Il ne faut ni interdire, ni imposer, mais créer un lien et proposer », insiste le Dr Reto Auer.
Il est possible de faire appel aux substituts nicotiniques, qui ont une efficacité démontrée. Il est également important d’identifier les patients à risque de dépression, qui doivent être encouragés à consulter un psychiatre qui pourra juger de l’intérêt ou non d’un traitement antidépresseur et d’un suivi clinique.
D’après un entretien avec le Dr Reto Auer, université de Lausanne, Suisse.
(1) Rigotti et al. 2012
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